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Violences sexistes en ligne : se taire ou subir

« Pour vivre heureux, vivons cachés, ou bouche fermée ». Cette citation vieille comme le monde semble devenir le mantra de beaucoup de femmes et jeunes filles qui désormais fuient les médias sociaux pour échapper aux violences sexistes dont elles sont victimes.

Ces violences en ligne isolent les femmes et réaffirment les normes patriarcales de nos sociétés qui tendent à les réduire au silence et à limiter leurs libertés. C’est le cas de Sandra qui, pour avoir la paix, à dû se déconnecter de Facebook.

Pourtant, les médias sociaux sont censés être l’espace qui donne aux femmes et aux jeunes filles une liberté qu’elles ne trouvent pas toujours dans leur environnement réel, pour exprimer librement leurs opinions.

De nombreuses femmes ont été victimes de menaces, de harcèlements, d’intimidation et autres moqueries en échange de l’expression de leur opinion via des médias sociaux. D’après une étude de Policy menée dans cinq pays d’Afrique, il a été constaté qu’une femme sur trois a déjà subi une forme de violence en ligne. Environ 47 % des personnes interrogées ont déclaré avoir été attaquées pour avoir partagé leurs opinions.

En un laps de temps, les médias sociaux sont rapidement devenus un réservoir à insultes, parfois proférées par des internautes retranchés derrière leur anonymat et incapables de réellement comprendre que le fait d’être derrière un écran n’enlève rien à la violence des mots.

Se taire pour ne pas subir

Ainsi, certaines femmes, conscientes de ces violences, s’autocensurent dans ce qu’elles publient et limitent leurs interactions en ligne. Le mode fantôme, quoi. Être là sans vraiment être là. D’autres y renoncent  complètement.

Sandra (nom d’emprunt) une jeune Lushoise de 27 ans a dû quitter Facebook à cause des insultes dont elle faisait l’objet. Comme tout le monde, Sandra intervenait régulièrement dans des débats sur les réseaux sociaux. Une fois, dans un de ces débats sur Facebook, elle a prit fait et cause pour Éliane Bafeno. Éliane Bafeno c’est la jeune dame qui avait traduit en justice Moïse Mbiye, le célèbre musicien chrétien congolais, pour viol, avortement forcé et menace de mort.

Sandra explique : « J’avais eu droit à des insultes. On m’a traitée de pute parce que je soutenais Éliane.  Le débat était sur une page Facebook, mais on m’avait suivie jusque dans ma messagerie privée pour m’insulter. J’étais menacée par les fans de Moïse Mbiye. Cela a duré plusieurs jours. Les messages étaient violents. À partir de là, je n’osais plus m’exprimer sur les réseaux sociaux. Je gardais mes opinions pour moi-même. Et pour ne plus être tentée de commenter, j’ai carrément fermé mon Facebook. »

Aujourd’hui Sandra se dit prête à retourner sur Facebook : « J’y réfléchis encore, mais si je me reconnecte, je serai muette. Je ne m’occuperai que de mes affaires. »

Les violences sexistes en ligne sont particulièrement dangereuses parce que beaucoup d’espaces en ligne n’ont pas assez de règles pour protéger les femmes de ce type de violence, ce qui fait que les auteurs ne sont souvent pas confrontés aux conséquences de leurs actes. Et les régulateurs congolais d’Internet sont inexistants. C’est la loi de la jungle qui règne.

Nous devons, en tant que communauté, prendre conscience de ce fléau afin de l’éradiquer et offrir des espaces de discussions sains pour les femmes.

 

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