En RDC, il y a des symboles à arborer pour prouver qu’on a réussi dans la société. Posséder une voiture est l’un des aspects qui dépeignent cette réussite. Mais pas n’importe quelle voiture.
A chaque marque et modèle de voiture correspond le statut que vous conférera la société kinoise.
Mercedes
La marque allemande est très prisée par les exploitants de diamants travaillant en Angola et au Kasaï dans les années 90. Dans mon quartier, les modèles 190, 200, 230 et 280 (surnommé Bobi Ladawa, du nom de l’épouse du président Mobutu) avaient le vent en poupe. Avoir de l’argent et ne pas rouler en Mercedes était inconcevable, malgré l’état de nos routes et la forte consommation de carburant.
Les grands musiciens congolais mettront la barre encore plus haut. JB Mpiana par exemple, déjà friand de la marque, exhibe en pleine interview, un modèle Mercedes 600 S de couleur blanche. Dans sa chanson phare (Vita-Imana), Ferre Gola immortalisera 600 S en citant Werrason. Même clin d’œil de Tutu Kaludji, l’animateur de Wenge BCBG lors du mythique concert du Zénith. Koffi Olomide offrira des modèles 300 à ses musiciens. En politique, Jean Pierre Bemba, Joseph Kabila et Laurent-Désiré Kabila ont utilisé la marque comme véhicule officiel.
Toyota
La marque japonaise se met à supplanter Mercedes pour plusieurs raisons. Sa consommation de carburant est nettement inférieure. Le design est luxueux et c’est un tout terrain. Le modèle Prado sera le véhicule VIP à la mode. Prado sera le véhicule officiel des députés et sénateurs de la deuxième législature et équipera de nombreuses Assemblées et gouvernements provinciaux.
La gamme Toyota sera également popularisée avec la RAV 4 (édition 1998) à laquelle des rumeurs colleront l’étiquette d’être un véhicule pour femmes. Alors président de l’Assemblée nationale, le cite publiquement lors de la discussion sur le moratoire pour l’interdiction des véhicules à volant situé à droite.
Nissan
Les premières Nissan qui apparaissent dans la sphère publique sont des X-Trails dont seront dotés les parlementaires de la période de transition (2003 à 2006). En 2006, les modèles apparaitront dans le charroi de la présidence de la République et deviendront les véhicules officiels des députés et sénateurs.
Hyundai
Sous la présidence de Félix Tshisekedi, Hyundai entre dans l’arène avec son modèle Equus de couleur noire. Le véhicule est souvent utilisé par le chef de l’État, mais surtout par ses conseillers. La marque ne s’arrêtera pas là. Le modèle Palissade, à la base d’une grande controverse, a été récemment acquis par les députés congolais.
Sous le gouvernement Gizenga, les ministres roulaient dans des Mitsubishi de couleur noire. Je ne sais pas s’il y avait une loi ou une interdiction spécifique, mais ce modèle-là n’était visible chez aucun particulier. Beaucoup plus jeune, je voyais dans mon quartier, Mulumba Katshi, ministre à l’époque de Laurent Désiré Kabila, se rendre au travail à bord d’une Renault Laguna.