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Comment documenter les violations des droits de l’homme grâce au téléphone ?

Les violations des droits de l’homme sont un sujet d’inquiétude permanente sur la capacité du gouvernement à faire appliquer et respecter l’État de droit en RDC. Qu’il s’agisse de corruption, trafic d’influence ou d’autres cas, leur commission se faisait très souvent à l’abri des regards ou dans des cercles où il était souvent difficile d’en mesurer l’ampleur. Depuis l’avènement des smartphones et des plateformes, les scènes filmées mettant en évidence des violations manifestes n’ont cessé de se multiplier.

J’en avais déjà parlé dans un autre billet. À Kinshasa, ce sont surtout les tracasseries routières qui figurent au top des vidéos illustrant des violations des droits de l’homme. Des policiers corrompus exigeant des pots-de-vin, un individu usant de son pouvoir pour intimider en sont quelques exemples.

Depuis, les téléphones mobiles jouent un rôle important dans la documentation de ces actes, offrant aux victimes et aux témoins, la possibilité de capturer des preuves visuelles des violations des droits de l’homme. Les vidéos enregistrées peuvent documenter diverses situations telles que des arrestations arbitraires, des brutalités policières ou des manifestations pacifiques réprimées. Au-delà de la vidéo, les photographies sont également mises à contribution dans le même objectif.

Est-ce légal de filmer sur la voie publique ?

Il était devenu fréquent que les agents de l’ordre confisquent les téléphones des citoyens ordinaires, estimant que ceux-ci n’ont pas le droit de les filmer. Cependant, cette fausse prétention, fortement répandue depuis les années Mobutu, n’a jamais eu d’assise légale, si ce n’est, une volonté d’éviter que les abus commis par ceux qui sont investis de l’autorité publique ne soient connus et documentés. Devant la multiplicité des tracasseries dénoncées par les usagers de la route, la police a autorisé explicitement que tout agent de l’ordre impliqué dans ces abus soit filmé.

L’article 372 du code congolais du numérique a posé les bases légales de cette disposition. Il stipule que toute personne filmant (avec un téléphone ou tout autre équipement) la commission d’une infraction dans le but d’en disposer comme preuve devant la justice était autorisée à le faire. Même si sur ce point, la même disposition interdit que cette infraction soit diffusée sur les plateformes en ligne. Un réflexe pris par de nombreuses personnes pour dénoncer une violation et ainsi exercer une pression pour que justice soit rendue.

Des vidéos mobiles ont révélé des bavures sur des citoyens

La clameur publique et des faits filmés sur téléphone mobile,  ont permis d’accélérer le procès sur la mort d’Olivier Mpunga, un citoyen torturé et tué dans les locaux de la police de Kinshasa ; il y a également le cas des policiers détournant une ambulance transportant un malade.

Les téléphones mobiles ne sont plus de simples gadgets, mais des outils puissants pour la documentation et la lutte contre l’injustice en RDC. Ils donnent une voix aux sans-voix, contribuent à la quête de vérité et de responsabilité, et représentent un atout dans la lutte contre les violations des droits de l’homme dans notre pays.

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