Nos militaires congolais : ces héros dans la misère

Le rêve de plus d’un enfant congolais est de devenir un héros, de marquer son passage sur terre, d’inscrire son nom dans l’histoire du pays. Devenir un héros politique ou militaire par exemple, à l’image de Mamadou Ndala ou Patrice Lumumba. Ces enfants apprennent tous en grandissant qu’un héros est celui qui sauve des vies ou qui donne sa vie pour les autres. Ils sont rassurés par le fait qu’à jamais ils resteront dans l’histoire du pays.

Certains ont choisi de devenir médecins pour sauver des vies tout en gardant la leur. Mais d’autres ont choisi d’être militaires avec la motivation de sauver des vies au prix de la leur, pour protéger la nation. Combattre jusqu’à leur dernier souffle pour la patrie. D’autres malheureusement perdent la motivation de leurs ambitions, quand en chemin, ils découvrent que la vie de leurs héros d’enfance est loin de ce qu’ils imaginaient.

Avant de mourir nos militaires doivent vivre              

Ils vivent pour servir et mourir, mais on oublie qu’avant de mourir ils doivent vivre. Chaque matin, généralement dans un camp précaire, se réveille un militaire qui sort se débrouiller toute la journée, parfois dans l’illégalité, pour ramener un peu de sous le soir dans sa maison. Ce que nous voyons alors, c’est un militaire corruptible qui est prêt à vendre son pays. Nous oublions que c’est aussi un père de famille qui souffre en son for intérieur parce qu’il n’est pas en mesure de prendre soin de son foyer, avec un salaire variant entre 70 000 et 250 000 francs congolais (environ 40$ et 130$). Nous voyons des militaires inconscients qui n’hésitent pas à voler et à piller. Or, un militaire donne sa vie pour la nation, mais il a aussi une famille dont il doit assurer l’avenir. Pourrions-nous un jour voir ces hommes et femmes sous les drapeaux menant une bonne vie, une vie digne de la profession qu’ils exercent ?

Nos militaires méritent la dignité

En choisissant de protéger et de sauver des vies, de combattre jusqu’à leur dernier souffle pour la patrie, ces héros savaient-ils que leurs familles seraient exclues du nombre à sauver ? Nous voyons des militaires qui meurent au combat. Mais quelque part, un enfant pleure un père qui, de son vivant, était toujours absent et qui le consolait en lui disant que c’était pour une cause noble. Une veuve pleure un mari qu’elle a, toute sa vie, partagé avec tout un peuple, un mari qui n’a cessé de croire en l’avenir glorieux du pays et qui a assuré sa mission jusqu’au bout. Une jeune fille pleure son amour perdu qui a choisi d’appartenir à toute une nation. Nos militaires méritent un salaire de ministre, leurs familles méritent de vivre dans la noblesse. Hélas vivants, ils sont dans la misère, et morts, ils sont enterrés dans l’oubli.