Quand vous rencontrez un militaire ou un policier congolais, il vous dira en lingala : « Yaya, salisa ngai. Naza n’eloko te, kasi nakoki koyiba te. Salisa mwana mboka yaya ». Traduisez : « Grand frère, aide-moi. Je n’ai rien et je ne peux pas voler. Aide ton compatriote. » Il n’est pas rare de tomber sur de tels cas à Lubumbashi. Un discours qui vous perce le cœur.
Ils ont faim et soif, ils sont pauvres et mal vêtus. Pourtant, ils ont des familles à nourrir. Nos soldats sont des Congolais et ont des droits comme tout le monde. Il faut leur donner des conditions acceptables avant d’espérer qu’ils servent « loyalement et fidèlement la République ».
Les plus gentils de nos soldats acceptent au moins l’humiliation de mendier dans la rue, plutôt que de se servir de leurs armes pour se nourrir. Les autres, vous savez déjà ce qu’ils font dans les Kivu, dans l’Ituri, dans le Tanganyika ou à Kananga. Leur solde serait devenue irrégulière et même quand on la paye, les militaires lambda ne pourraient en vivre tant elle reste modique. Vraisemblablement, c’est une situation courante pour les militaires en RDC. Au Sud-Kivu par exemple, un policier a été humilié au marché central de Kadutu pour vol de légumes en novembre 2017. Benilubero.com raconte que « le pauvre policier avait honnêtement reconnu qu’il ne pouvait faire autrement pour subvenir au besoin de sa famille… » C’est plutôt l’État qui salit l’image de nos soldats en les payant si mal.
Le soldat se paie avec son arme
L’image que l’on a de nos policiers et militaires est malheureusement celle d’hommes armés qui se paient avec leurs armes. Ils rançonnent, extorquent ou tuent ceux qui leur résistent. Sur les routes de Bunia, renseigne le journal Le Millénaire, toute personne doit payer 500 francs congolais à chaque passage. « Les soldats exigent cette somme pour avoir de quoi s’acheter du café et de la cigarette afin de mieux assurer la sécurité », explique le média.
La conséquence c’est que de telles pratiques réduisent la confiance de la population en ces forces de sécurité. Du moins pour des soldats en divagation, obligés d’extorquer pour survivre. « Je n’oserai donner à un militaire un verre d’eau. Car c’est le même qui pourrait me filer jusque chez moi et revenir me braquer le soir », déclare Angèle Mwewa, une commerçante de Lubumbashi, très méfiante.
Et c’est dommage qu’on en soit arrivé à ce point-là. Les soldats devraient être notre rempart en cas d’insécurité. La confiance nécessaire entre ces forces et la population s’est malheureusement élimée à tel point que l’un est devenu le chasseur et l’autre la proie. L’Etat devrait vite relever la tête et reprendre ses responsabilités.
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