Des habitants de la ville de Beni et des alentours sont victimes de tracasseries par des personnes en tenues militaires des FARDC. Ordinateurs, téléphones et argent sont ravis dès que la nuit tombe sur la ville. Certaines victimes reconnaissent des soldats qui extorquent leurs biens, mais s’abstiennent de les dénoncer, craignant pour leurs vies.
Voici bientôt quatre ans que les Forces armées de la RDC combattent des présumés rebelles ougandais de l’ADF. Un nombre important de militaires est déployé dans et autour de la ville de Beni. Mais comme aucun camp militaire n’existe sur place, ces soldats des FARDC vivent au milieu de la population à Beni. Ils occupent de petites maisons qu’ils louent à leurs propres frais. C’est en réalité cela la cause du problème ! Ils doivent payer le loyer alors que leur solde est insignifiante.
Voilà pourquoi la ville de Beni est à la merci d’actes de brigandage. Et comme si cela ne suffisait pas, certains militaires venus de plusieurs coins du pays n’ont pas été relevés depuis plus de trois ans. « A notre arrivée il y a trois ans, nous avons constaté qu’il n’y avait aucun camp militaire à Beni. Nous dormons dans des studios que nous louons dans les quartiers […]. Nous sommes vraiment délaissés », s’indigne Nguma (nom d’emprunt) l’un des commandos basés à Beni.
Des loups affamés au milieu des agneaux
Comme Nguma, ces militaires FARDC ont donc fini par ramener leurs familles à Beni. Cela implique une augmentation des charges car il faut nourrir, vêtir et scolariser les enfants. Or le coût de la vie n’est pas à la portée de leurs soldes. Certains officiers se sont spécialisés dans le détournement de la ration destinée aux militaires, ration qu’ils revendent. Le soldat Nguma témoigne : « La ration qui nous est destinée par le gouvernement et d’autres organisations est souvent détournée par certains officiers. Si tu doutes de ce que je dis, faisons juste un tour dans des boutiques tu verras en vente riz, haricots et aliments en boites de conserves destinés aux soldats. »
Tous les soirs, certains militaires se transforment en malfaiteurs pour ramasser de quoi nouer les deux bouts. Voilà le protecteur qui se transforme en agresseur ! C’est une réalité de tous les jours à Beni. Jusqu’à présent, personne ne trouve aucune solution à ce problème. Je ne sais pas si dans ce blog je devrais encore interpeller nos dirigeants, car nous l’avons fait à maintes reprises, sans suite !
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