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Affaire George Floyd : la RDC se mêle de ce qui la regarde

Depuis la mort de George Floyd à Minneapolis aux Etats-Unis, l’Afrique et la RDC réagissent. Mais certains tentent la récupération, tandis que d’autres s’emmurent dans le silence…

Le 25 mai dernier, à Minneapolis, c’est avec une décontraction apparente –main dans la poche, lunettes sur le crâne,  sourire esquissé, sourcil relevé et regard planté avec assurance dans l’œil d’un objectif– que le policier américain Derek Chauvin maintient son genou sur le cou du quadragénaire George Floyd plaqué sur le trottoir. Le martyrisé décédera peu de temps après.

Bien sûr, la justice doit suivre un cours indépendant et, bien entendu, les Etats-Unis sont un Etat souverain. Mais tout de même, ce fait-divers n’en est pas un, tant il fait écho à des statistiques édifiantes de confrontations entre policiers blancs et interpellés noirs. La tragédie vidéocaptée ne saurait être considérée, non plus, comme une affaire purement américano-américaine.

Les réactions africaines

Depuis la mort de Floyd, l’Afrique réagit. Toute l’Afrique ? Pas vraiment. Entre les institutions continentales et les tweets des citoyens, les autorités nationales sont bien timorées. Les Congolais attendent toujours une indignation franche du gouvernement de République démocratique du Congo, alors que le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, s’est fendu d’un communiqué qui condamne fermement le meurtre survenu aux mains d’agents des forces de l’ordre américaines.

« De quoi se mêle l’UA ? », s’indignent ceux qui préfèrent les critiques occidentales sur le continent aux appréciations africaines sur le Nord. En réponse, Moussa Faki Mahamat convoque la résolution de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) sur la discrimination raciale aux États-Unis d’Amérique, résolution prise par les dirigeants africains, dès la première conférence de l’institution, en 1964. Lors de ce même sommet, l’Américain Malcolm X sensibilisait ses « frères et sœurs africains » aux discriminations vécues par les Afro-Américains.

La RDC réagit à travers un Américain ?

En RDC, entre le marteau et l’enclume, c’est l’ambassadeur des Etats-Unis qui a anticipé le flot des critiques. Rapidement après les faits, Mike Hammer rebaptisé « Nzita » se dit « profondément troublé par la mort tragique de George Floyd » et souhaite « une enquête criminelle approfondie », rêvant que les forces de l’ordre soient « tenues pour responsables dans le monde entier. Personne n’est au-dessus de la loi ».

Alors que des twittos congolais préfèrent relayer la parole du Kenyan-américain Barack Obama, d’autres saisissent la perche du diplomate en poste : tout en indiquant à son « très cher ambassadeur » qu’elle soutient et aime les Etats-Unis, « Eagle Girl » rappelle que « la sécurité et l’économie des USA reposent sur la diversité ».

D’autres abonnés des réseaux sociaux sont moins feutrés, lorsqu’il s’agit de réagir à la position de la Commission de l’UA ou de l’ambassade des Etats-Unis. Comme on reprochait aux larmes d’un président béninois de couler davantage pour un caricaturiste de Charlie Hebdo que pour une victime africaine du terrorisme, l’Union africaine est mise à l’index. Sur Facebook, c’est un Congolais de l’autre côté du fleuve qui renvoie au visage d’un Moussa Faki jugé « indécent » des disparitions tragiques liées elles aussi à l’environnement policier, mais en Afrique centrale, pas aux Etats-Unis.

Quant au compte Twitter de son Excellence Mike Hammer, il a suscité une réaction tranchée du Congolais démocratique Eric Kahongya : « Soyons tous racistes, pour résoudre le problème de racisme », réaction basée sur le principe qu’il serait inutile de « crier justice dans un monde guidé par des injustes ».

Chacun voit un midi conjoncturel à sa porte idéologique. Et chaque politicien en herbe tente de récupérer la tragédie de Minneapolis au profit de sa posture personnelle. Mais le président de la République démocratique du Congo, il en dit quoi finalement ? Trop occupé à se rabibocher avec les autorités étasuniennes, après les années Kabila ?…

 

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