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Accidents routiers : même fautif, le chauffeur a droit à la vie

La vie humaine est sacrée. Personne n’a le droit de supprimer celle de son prochain. Pourtant, je constate avec amertume que les chauffeurs sont parmi les victimes de justice populaire au Congo. Qu’ils soient fautifs ou pas, leur vie se trouve souvent en danger, quelques secondes après un accident.

J’ai vu se produire plusieurs accidents de circulation. Dans tous les cas, les conducteurs ont été considérés comme les premiers coupables. Et je me suis interrogé : est-il possible qu’un chauffeur de taxi, en quittant sa maison, se dise en lui-même : « Aujourd’hui il me faut percuter une personne ? » Je pense que non. Sauf s’il s’agit d’un déséquilibré mental, et là, il faut l’aider plutôt que de le détruire.

Un accident est rarement prévisible

Faire un accident, n’importe lequel, ce n’est pas quelque chose de volontaire. C’est généralement imprévisible et c’est cela même ce que veut dire le mot « accident ». Autrement, ce serait un attentat. Sinon, on l’éviterait. Mais quand un accident survient, ayons le bon sens de compassion, d’analyse et de compréhension.

A Lubumbashi, tout chauffeur qui fait un accident, sait qu’il risque la mort par justice populaire. On peut le tuer ou le laisser en vie. Devant ce dilemme, le choix est clair : il faut sauver sa peau. Quitte à abandonner ses passagers. Ce qui est tout aussi condamnable.

Je connais des chauffeurs disposés à secourir leurs victimes à la suite d’un accident. Mais quand on agit de la sorte, en restant longtemps sur le lieu du drame, c’est à ses risques et périls.

Si un chauffeur fait un accident, ne le tuez pas, s’il vous plaît

Comme celui qui est assis confortablement dans son bureau attend son salaire à la fin du mois et se dit chaque matin : « Je vais au travail », il en est de même de celui qui est au volant pour transporter des gens.

J’ai assisté dernièrement à l’incendie d’une voiture et le conducteur en est mort, laissant une veuve et des orphelins. Et pourtant, l’accident a été occasionné par un motard peu attentif. Au lieu de secourir la personne percutée en l’amenant à l’hôpital, les gens ont pourchassé et tabassé le chauffeur qui est décédé de suite de ses blessures. Voilà qui me pousse à condamner ce genre de barbarie.

Tuer un chauffeur en guise de réciprocité lors d’un accident dont il serait l’auteur n’est pas la solution. Si vous voulez, attrapez-le juste pour le remettre à la police. Grâce à sa survie, la victime peut être prise en charge et indemnisée. Tuer le chauffeur ou incendier le véhicule n’est donc rien d’autre qu’ajouter un problème à un autre.

Qu’ils soient fautifs ou pas, les conducteurs des véhicules ont droit à la vie après un accident.

 

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