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Les accords politiques en RDC, un jeu des traîtres

Respecter les accords signés n’est pas dans l’ADN du Congolais. Tout dépend des temps, des circonstances, et surtout des acteurs qui signent l’accord. Or, si la Constitution qui est la loi suprême est régulièrement violée en RDC, à plus forte raison un simple accord signé entre quelques individus ?

Loin de moi de soutenir qu’un accord est une corde qu’on se met autour du cou et dont on ne doit jamais se débarrasser. Je crois qu’on peut changer d’avis et quitter un accord s’il y a des raisons valables. Seulement voilà, je pense aussi qu’un vrai homme d’État doit au moins respecter sa parole, sa signature, ses engagements.

En voyant les contestations qui surviennent après différents accords conclus par la classe politique congolaise, j’ai fini par conclure que les négociations et accords entre Congolais ne sont qu’un jeu des traîtres. Je vous en donne quelques exemples.

Accords de Sun City

Le premier plus grand accord politique signé entre politiciens congolais après la chute de Mobutu et la mort de Mzee Kabila c’est l’accord de Sun City en Afrique du Sud. Selon cet accord, un gouvernement de transition devait être mis en place dirigé par un président de la République avec 4 vice-présidents. La fameuse formule 1+4. C’était un partage de gâteaux entre le pouvoir, l’opposition et les chefs des groupes armés de l’époque. Kabila fut accusé régulièrement de ne pas respecter l’accord de Sun City.

Étienne Tshisekedi, trop radical, refusa de participer au gouvernement 1+4 en tant que vice-président pour le compte de l’opposition non armée. Ce poste fut donné à Z’ahidi Ngoma, un opposant dit « modéré ». Cette formule 1+4 déboucha pourtant sur des élections contestées en 2006. Une guerre éclata en pleine ville de Kinshasa entre la garde de Kabila réélu et celle du candidat malheureux Jean-Pierre Bemba. 600 personnes ont été tuées.

L’accord de Genval

Cet accord a été négocié par Etienne Tshisekedi à Genval en Belgique. Il avait pour objectif de rassembler les opposants politiques congolais de tout bord en vue de faire front commun et pousser le président Joseph Kabila à organiser les élections présidentielles dans les délais constitutionnels, c’est-à-dire avant décembre 2016. Parmi les opposants en exil, figurait Moïse Katumbi qui venait de quitter le camp de Kabila.

Au pays, certains opposants comme Vital Kamerhe et Samy Badibanga se sont désolidarisés et ont rejoint le dialogue organisé par Joseph Kabila à travers le médiateur togolais Edem Kodjo à la Cité de l’Union africaine à Kinshasa. Kamerhe fut alors accusé par ses paires d’avoir trahi l’opposition. Samy Badibanga fut nommé Premier ministre par Kabila et l’UNC de Kamerhe était dans le gouvernement Badibanga.

L’accord de la Saint-Sylvestre

Il a été signé par la classe politique congolaise en décembre 2016. Le pays était au bord de l’explosion en raison de la crise politique née de la non organisation des élections dans les délais constitutionnels par Joseph Kabila. Avec peine, la Cenco réussit à mettre nos politiciens autour d’une même table et un accord fut signé le 31 décembre 2016. C’est cet accord qui évita le chaos au pays.

Hélas, au lendemain de la signature, la majorité présidentielle de Joseph Kabila n’a pas tardé à prendre ses distances. L’un de ses ténors, en l’occurrence Lambert Mende, sortait une phrase qui devint très célèbre en RDC : « Nous avons signé sous réserves ! » A partir de ce moment, le camp de Kabila a tout fait pour torpiller l’accord de la Saint-Sylvestre. Bruno Tshibala et Joseph Olengha Nkoy ont quant à eux trahi le rassemblement de l’opposition et ont rejoint Joseph Kabila. L’un a été nommé Premier ministre et l’autre président du Conseil national de suivi de l’accord de la Saint-Sylvestre.

L’accord de Genève

Il a eu lieu en novembre 2018 entre les dirigeants de l’opposition congolaise. Y étaient présents Fayulu, Bemba, Tshisekedi, Katumbi, Kamerhe pour ne citer que ceux-là. L’accord désignait un candidat commun pour l’opposition en vue de ne pas aller en ordre dispersé à l’élection présidentielle du 30 décembre 2018. Et c’est Martin Fayulu qui a été choisi comme candidat commun de l’opposition.

Aussitôt après, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe ont trahi l’accord en brandissant le refus de leurs « bases » électorales. Ils iront signer à eux deux un autre accord à Nairobi au Kenya, créant une plateforme politique dénommée Cap pour le changement (Cach).

Je ne saurais donner ici une liste exhaustive d’accords signés et non respectés par notre classe politique. Bahati Lukwebo par exemple a quitté Joseph Kabila alors qu’il avait signé l’accord créant le Front commun pour le Congo (FCC) de l’ancien président. Bref, dans la classe politique congolaise, chacun a déjà trahi au moins une fois un accord ou un engagement.

 

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Les commentaires récents (1)

  1. Même Kabila avait un jour dit que, les accords ne sont pas une bible qu’on ne peux pas révisé, il doit subitr les inconvénients. Restons unis dans un seul manuel qui est comme modèle, la constitution de la RDC le seul suprême loi et accord.