En RDC, la prolifération des chambres de prière est une réalité. A l’instar des marabouts, les gourous de l’église sont bien connus pour leurs dons de prédiction. Ils sont ces imposteurs à l’origine de prophéties invraisemblables qui ont mené plus d’une famille à la ruine.
Il ne se passe jamais deux jours sans que mon voisin et sa femme ne se bagarrent. On peut le dire : leur maison s’est transformée en véritable ring ! La source de leur dispute ? Un prophète aurait dit à ma voisine que sa belle-mère est une sorcière. Et que celle-ci tenterait tôt ou tard de tuer ses petits-enfants en les sacrifiant. Depuis cette horrible « révélation », ma voisine a donc interdit à son mari de faire venir sa mère à la maison.
Cette triste histoire n’est malheureusement pas un cas isolé dans notre pays. Au Congo, plusieurs belles-mères sont accusées de sorcellerie par leurs belles-filles sur la base de prédictions et de visions stupides. Pire, certaines mères, affaiblies par le poids de l’âge, se voient abandonnées par leurs propres fils qui accordent de l’importance à ces prophéties de haine.
La plaie des « enfants sorciers »
Le mythe des enfants sorciers a jeté plusieurs enfants dans la rue au Congo. Cela touche souvent des enfants nés hors mariage ou vivant dans des familles d’accueil. Un ami, dont je tais le nom, a fait venir deux de ses enfants sous son toit conjugal. Un bon matin, sa femme les amène dans une chambre de prière où une prophétesse lui assure que ses deux enfants nés hors mariage sont des sorciers.
Soumis à des traitements inhumains suite à cette révélation, les deux pauvres bambins ont dû s’enfuir de la maison. Le père, incapable de protéger sa progéniture face à la barbarie de son épouse, n’a eu que ses yeux pour pleurer.
Les marâtres vues comme des démons par leurs enfants adoptifs
Marie (nom d’emprunt), a formellement interdit à ses enfants de rendre visite à la femme de son propre père. A l’écouter, cette femme aurait jeté un sort à sa mère, décédée d’une maladie incurable. « Lors d’une séance de prière de délivrance, mon propre esprit m’a révélé cela et je me suis mise à parler avec la voix de mon fils », raconte la jeune femme qui y croit dur comme fer.
Une chose est sûre : la famille est une véritable mine d’or pour les diseurs de bonne aventure qui exploitent les faiblesses relationnelles, tels que les conflits entre enfants et beaux-parents ou encore les questions d’héritage.
Dans un pays où des gens sont prêts à déserter leur travail pour passer toute une journée à l’église, ces charlatans du destin ont malheureusement encore de beaux jours devant eux…