C’est un stéréotype, me diriez-vous ! Mais si vous avez passé un peu de temps à Kinshasa, vous aurez remarqué combien les églises où pullulent les dons de prophétie maintiennent les fidèles dans la paresse et l’oisiveté. Elles leur font attendre un miracle qui tombera du ciel comme une manne et améliorera leur vie. Pleins de foi, beaucoup restent en prière et ne travaillent pas, attendant la réalisation de l’ « ainsi dit l’Eternel ».
A Kinshasa, on peut voir des chrétiens passer des journées entières à ne rien faire. Les uns dans les permanences de leurs églises, les autres à la maison, toujours en prière et en attente de l’accomplissement d’une prophétie faite sur eux par un « homme de Dieu ». Généralement, ces prophéties promettent un avenir radieux, des voyages en Europe, des emplois, de bons mariages… bref, des bénédictions ! Et les fidèles, des jeunes surtout, croient dur comme fer que cela s’accomplira. Ils croisent les bras et refusent de faire des efforts dans la vie car « Dieu pourvoira tout pour eux ». Certains disent : « Nga naza mwana bilaka », je suis un enfant de la promesse divine !
« Le prophète l’a dit, je le crois »
Depuis 2006, le « frère » Héritier à un bac+5 en économie de l’Université de Kinshasa. Sans emploi, il est devenu un habitué des centres de retraite et autres montagnes de prières dans la périphérie de Kinshasa. Luzizila, Mangengenge, Mantere, Campus etc., sont ces nombreux lieux de prière à Kinshasa. Ici, un prophète a dit à Héritier : « Yo okokutana na ministre moko akozwa yo na cabinet na ye, pe okopambwama makasi », en français : « Toi Héritier, tu rencontreras un jour un ministre du gouvernement qui te donnera un emploi dans son cabinet. Tu seras béni. »
Ce trentenaire ne jure que par cette prophétie et rejette l’option de chercher tout autre emploi qu’il considère comme ne lui étant pas divinement destiné. Pourtant, depuis 2006, des gouvernements se sont succédé en RDC sans qu’aucun ministre ne vienne le chercher. Mais Héritier espère toujours !
Face à une telle croyance aveugle, je serai tenté d’adhérer à la très célèbre maxime selon laquelle « la religion est l’opium du peuple ». Les prophéties des églises sont devenues un véritable analgésique pour certains Kinois.
Que de raisons pour justifier leur oisiveté
« Jésus a souffert pour nous ». « L’homme ne vivra pas de pain seulement mais de toute la Parole de Dieu ». « L’oiseau ne travaille pas mais il mange. Pourquoi s’inquiéter ? », peut-on entendre prêcher dans les églises. Mais les chrétiens oublient que dans leur Bible, Saint Paul a dit : « Que celui qui ne travaille pas ne mange pas non plus. »
Des vidéos récemment mises en ligne montrant l’actuel chef de l’Etat congolais allant d’églises en églises, passant tour à tour entre les mains de différents « hommes de Dieu », traduisent un peu plus la manière dont les prophètes sont désormais adulés même par des personnalités politiques en RDC.
Commentaire *bon ville