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Covid-19 : l’industrie du divertissement dans le coma en RDC

Le coronavirus continue à sévir en RDC. Aucune des 26 provinces n’est épargnée. Pour contenir la troisième vague, le président de la République avait pris, le 15 juin dernier, une série de « mesures draconiennes».

Le mercredi 4 août, les tenanciers et employés de bars ont organisé une marche de protestation à Kinshasa pour exiger la réouverture de leurs établissements. Mais le gouvernement fait encore la sourde oreille.

Kinshasa a ses habitudes depuis toujours : fêtes, terrasses, boîtes de nuit… Les après-midi  et les weekends sont toujours mouvementés. Beaucoup d’ambiance dans différents points chauds de la ville.

Mais depuis environ deux mois, à cause de la mesure de fermeture de bars, la célèbre avenue Niangwe dans la commune de Lingwala est déserte, pour ne citer que cet exemple. Les buvettes le long de la route sont fermées. A la place, quelques groupes se forment. Ici autour d’un jeu des dames, là autour d’un débat sur « Messi au PSG ».

Système de « levier »

Derrière ces rassemblements fortuits se cache une volonté : contourner la décision de fermeture de bars et de terrasses imposée par les autorités. Au jeu des dames, chaque joueur a sa bouteille de bière sous la chaise. Le phénomène est appelé « levier », allusion faite au levier de commande d’une voiture.

Roger, un de ces joueurs des dames explique : « Depuis la fermeture des bars, nous avons trouvé notre astuce pour continuer à sortir entre amis et à se partager un verre. Après tout, nous ne sommes pas plus de 20 autour de ce jeu. »

Dans les faits, cette ingéniosité découle du désarroi des tenanciers de bars qui, pour la plupart, n’ont que ça comme revenu. « Ma terrasse est mon entreprise. Avec le revenu généré ici, je paie mon loyer, je nourris ma famille, je scolarise mes enfants, en plus de supporter le personnel que j’engage ici et les autres charges ponctuelles. Depuis maintenant deux mois, j’ai donné un congé technique à mes quatre employés », se plaint Emile, tenancier d’une grande terrasse sur Niangwe.

Lutter contre la crise sanitaire sans accentuer la crise économique

Comme les employés d’Emile, plusieurs centaines d’autres Congolais sont envoyés au chômage depuis presque 60 jours suite à cette mesure de fermeture des industries de divertissement. Pourtant, le Dr Muyembe a annoncé récemment que « la troisième vague est derrière nous » et que les cas ont sensiblement baissé. Voilà pourquoi plusieurs personnes déplorent le maintien de cette décision alors que l’économie est mal en point.

Robert, un autre tenancier de bar à Matonge, regrette que les terrasses soient les seules fermées alors que les églises continuent à fonctionner sans respect de gestes barrières. Pour lui, c’est possible d’ouvrir les terrasses et bien faire respecter les mesures de lutte contre la Covid-19. « C’est une question de contrôle, de volonté et de responsabilité. La décision actuelle est suicidaire pour l’économie quand on sait que les terrasses emploient plusieurs milliers de personnes à travers le pays. En les fermant, ce sont donc plusieurs familles que l’Etat a contraintes à la précarité », fait-il savoir.

 

 

 

 

« Cet article est écrit avec l’appui technique d’Internews, grâce au financement de la coopération suédoise, l’USAID et la coopération suisse.  Les opinions partagées dans cet article ne reflètent pas nécessairement les vues de l’Agence Suédoise de Développement International (ASDI), de l’USAID, la coopération suisse, ainsi que des gouvernements suédois, des États-Unis et suisse. »

 

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