Depuis la déclaration du premier cas de Covid-19 en RDC, plusieurs préjugés circulent sur cette maladie à Kinshasa. Une des croyances les plus répandues est celle qui qualifie le Covid-19 de « maladie des riches ». Quand le gouvernement provincial a décidé de ne confiner que la commune de Gombe, les adeptes de ces préjugés ont trouvé une justification à leur affirmation.
Ce mythe n’est pas répandu qu’en RDC. Sur VOA Afrique, un médecin nigérian évoquait cela comme une des rumeurs les plus persistantes chez eux.
Dans cette autre vidéo de 30 secondes , cet internaute parle du coronavirus comme une « maladie des riches et des blancs ».
Dans cette vidéo également, en plein marché, sous les pas de danse des plusieurs femmes visiblement vendeuses, une chanson joue en disant : « Corona, la maladie des bosses… On est habitué avec nos moustiques. Laissez-nous avec nos moustiques. Là-bas chez eux climatiseur… »
Ces deux dernières vidéos mises sur les réseaux sociaux constituent des vecteurs insoupçonnables et grâce à la puissance du web, elles contribuent à la désinformation au-delà des frontières. « Le coronavirus n’a pas besoin de visa, de passeport ni de carte d’électeur pour circuler chez nous », prévenait le chef de l’Etat le 24 mars dernier.
Dans mon quartier, presque personne ne se voit dans l’obligation d’adopter les gestes barrières et quand je sensibilise, je suis taxé de non-informé ou d’incrédule. « Le coronavirus est à Gombe, pas ici », m’a lancé récemment une vendeuse de pains. Comme elle, nombreux sont ceux qui circonscrivent le coronavirus dans un cercle précis. Pour preuve, selon eux, l’identité des malades et des morts : un ministre, plusieurs conseillers à la présidence… Et aussi la limitation du confinement à la seule commune de Gombe.
Aucune commune de Kinshasa n’est à l’abri
Le confinement a été limité, dans un premier temps, à Gombe afin d’éviter l’asphyxie de la population. Cela ne veut pas dire que les autres communes sont épargnées. Les chiffres de la Coordination de riposte en disent long. Au 15 avril date à laquelle j’ai écrit ce billet, sur les 254 cas positifs recensés par l’INRB, parmi lesquels des cas d’autres communes beaucoup plus périphériques de Kinshasa. Presque toutes les communes sont touchées. De Selembao à Nsele, passant par les communes populaires de Masina et Kimbanseke, les malades de Covid-19 viennent de partout.
Entre les contacts et les surfaces infectés, les risques de contamination sont grands. Aujourd’hui, on parle même d’une possibilité d’étendre le confinement aux communes voisines de Gombe.
Certes, Gombe est l’épicentre et les nantis sont jusque-là les plus touchés, ce qui est normal puisque le coronavirus était une épidémie des voyageurs. Cependant, avec tous les contacts créés, il s’est installé et tout le monde doit désormais se protéger.
Une épidémie des voyageurs ? De la désinformation dans un article de fact checking, c’est dommage.