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Covid-19 : « Tout le monde prétend tout connaître à Bukavu »

Malgré l’existence de la Covid-19 en RDC, certains habitants de Bukavu demeurent sceptiques. Cette résistance a suscité, au passage, la colère de Théo Ngwabidje, le gouverneur du Sud-Kivu, dans l’est du pays. « Bukavu, shiye bote tuko bayuwayi », a-t-il dit en swahili, tout indigné. Traduction : « Tout le monde se prend pour connaisseur à Bukavu. »

Une phrase qui, dans un temps record, a été vite reprise par les internautes qui en ont fait leurs choux gras, à Bukavu. Des stickers reprenant la phrase du gouverneur ont aussitôt été créés sur WhatsApp. Et depuis, sur Twitter et Facebook, certains internautes reprennent la fameuse phrase de Théo Ngwabidje pour critiquer ses différentes décisions.

Au départ considérée par certains détracteurs du gouverneur comme une insulte, cette phrase est désormais utilisée pour alimenter des débats sur les places publiques et les réseaux sociaux.

Les contradictions, un frein à la lutte contre le coronavirus

Depuis le début de la pandémie de Covid-19 en RDC, plusieurs contradictions ont opposé l’équipe nationale de riposte et celles des provinces. Des gouverneurs des provinces sont parfois confus, à force d’être contredits par l’équipe nationale.

Dans le Haut-Katanga, par exemple, alors que le gouverneur Jacques Kyabula annonçait la découverte du premier cas, l’INRB a, aussitôt déclaré celui-ci négatif. Dans un contexte de crise sanitaire où les fausses informations prolifèrent, Théo Ngwabidje aurait gagné s’il avait adopté une posture plus pédagogique dans le Sud-Kivu. En mettant, par exemple, toutes les informations nécessaires à la disposition de la population.

Le fait de s’énerver, alors qu’il est censé répondre à des questions d’intérêt communautaire n’a pas du tout aidé Théo Ngwabidje. C’est une attitude devenue monnaie courante dans une société congolaise, curieusement, où demander des comptes à une autorité est devenu un sujet tabou.

Demander des comptes dérange

Dans les églises et les universités, des endroits censés être les temples de la tolérance, le simple fait d’exprimer une opinion contraire à celle des autorités peut vous valoir des remontrances. En politique, il suffisait, il y a peu, de critiquer le président actuel pour être traité de jaloux, de haineux et de tribaliste. Dans un pays où le taux d’analphabétisme est très élevé, les autorités devraient apporter des réponses claires à toutes les préoccupations de la population.

Au Sud-Kivu où plusieurs cas de coronavirus ont été annoncés après plusieurs semaines de trêve, le gouvernement provincial devrait davantage se rapprocher des populations pour les rassurer et les associer à la lutte. Malheureusement, on fait souvent face à des contradictions, à des gens qui prétendent tout connaître sur la pandémie et qui n’ont besoin de rien. Ce sont des attitudes qui compliquent la riposte.

 

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