Les milieux urbains sont mieux informés sur le Covid-19 que nos villages. C’est parce que tous les moyens de communication sont disponibles en ville. Ce n’est pas le cas en milieu rural. Nos villages sont en retard en matière de sensibilisation sur le Covid et de respect des gestes barrières. Du coup, il y a souvent une incompréhension quand nos frères du village nous visitent ici à Lubumbashi. Je vous raconte ce que j’ai vécu.
Il y a deux semaines, une jeune cousine est venue du village pour rester avec nous quelques jours à Lubumbashi. Elle nous a amené un bon colis : arachides, haricots, quelques tubercules de manioc… Problème : elle est analphabète et ne connait pas assez le Covid-19. Les gestes barrières ne lui disent rien. Mais ce n’est pas sa faute. C’est simplement qu’elle vient d’un milieu où l’on parle peu ou pas du Covid-19. Et cela ne nous a pas facilité la tâche.
A son arrivée dans notre maison
La dernière fois où elle nous avait visités à Lubumbashi c’était en 2019, quand le coronavirus n’existait pas encore. Aujourd’hui, les choses ont changé. Dès qu’elle a passé le portail et qu’elle m’a vu, elle a déposé son colis et a couru pour me saluer. Elle m’a tendu la main, mais moi je lui ai tendu le coude. Elle a voulu embrasser ma femme, mais elle l’a évitée en lui a indiquant le lave-mains pour qu’elle lave ses mains…
Ma cousine s’est sentie humiliée. Elle avait l’impression que nous avons changé et que nous n’étions plus hospitaliers à son égard. Dans son entendement, nos gestes signifiaient qu’elle était peut-être sale et sentait mauvais pour que ne nous puissions pas lui serrer la main. Nous avons beau expliquer que nous n’avions rien contre elle et que c’était juste des gestes barrières contre le Covid, mais elle ne comprenait pas. Elle pensait que nous étions devenus orgueilleux.
Elle ne voulait plus parler
Ma femme l’a invitée à table. Et là, elle n’a avalé que deux ou trois bouchées de bukari. Elle est restée triste toute la journée. Cela me brisait le cœur, car j’aime beaucoup ma cousine.
Le soir, elle s’est retirée dans un coin et a commencé à pleurer. Et le lendemain matin, elle a décidé de rentrer au village. Nous l’avons suppliée de rester avec nous, mais en vain. Elle est partie. Je ne sais pas ce qu’elle est allée raconter à sa famille. Cette situation m’a beaucoup déstabilisé. Que dois-je faire ?
#Covid19NeNousDiviseraPas