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Défis de la vaccination à Luilu : manque de logistique et de recyclage de vaccinateurs

À Luilu, une contrée minière traversée de carrières et de sites d’exploitation, située à quelques 18 km de Kolwezi, les défis logistiques entourant la vaccination se dressent tels des obstacles insurmontables. Les routes, dégradées par le temps, deviennent impraticables à la moindre pluie, rendant périlleux l’acheminement des vaccins dont la conservation dépend d’une chaîne du froid qui devrait être bien entretenue.

Le déplacement de la population est aussi impacté. Ici, un agent de santé qui a requis l’anonymat, confie : « Les vaccins arrivent souvent en retard, parfois en quantité insuffisante, mettant en difficulté notre capacité à protéger tous les enfants. »

Cette réalité fait écho aux propos du Dr Patrick Tshinawej, coordonnateur provincial du Programme élargi de vaccination (PEV) dans le Lualaba. Lors d’un atelier, il avait pointé du doigt la faible disponibilité de vaccins et d’autres intrants de qualité comme l’une des principales causes de la couverture vaccinale défaillante dans la région.

Des vaccinateurs sous-pression

Les vaccinateurs, accablés par des tâches multiples, travaillent dans des conditions éprouvantes. Non seulement ils doivent assurer leur rôle de vaccinateurs, mais ils sont également chargés de sensibiliser une population profondément ancrée dans la médecine traditionnelle. De plus, ces agents de santé sont souvent sollicités pour d’autres services médicaux, ce qui alourdit considérablement leur fardeau. Plusieurs d’entre eux, sous le sceau de l’anonymat, ont exprimé leur frustration face à l’absence de soutien adéquat, déplorant le manque de formation continue. Par exemple, ils ne sont pas informés de l’introduction imminente du vaccin contre le paludisme, et le Mpox (la variole du singe).

Au sein des familles de creuseurs artisanaux, qui prolifèrent dans cette région minière, la réalité des femmes et des enfants travaillant dans les carrières ajoute une dimension tragique au défi sanitaire. La précarité de ces familles, qui passent la majeure partie de leur temps sur les sites miniers, rend l’accès aux services de santé d’autant plus complexe. Une mère, le visage marqué par l’épuisement, exprime sa déception : « On nous répète sans cesse que c’est gratuit [le vaccin, NDLR], mais une fois sur place, on nous fait payer… Ce genre de pratiques décourage bien des gens. Nous on n’a pas d’argent. »

Ces défis soulignent l’urgence de renforcer les infrastructures sanitaires et de fournir un soutien accru aux agents de santé à Luilu, mais aussi partout au Congo. Pour atteindre une couverture vaccinale efficace, il est crucial d’améliorer la logistique, de former régulièrement les vaccinateurs, et de restaurer la confiance des communautés envers le système de santé. Sans ces efforts, les enfants de Luilu continueront de payer le prix fort d’un système vaccinal défaillant.

 

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