Discours de Kabila : un rendez-vous manqué

Pour beaucoup de Congolais, le discours du chef de l’État ce mercredi 5 avril aura été un rendez-vous manqué. Le président a manqué une opportunité de s’amender devant sa population. Voici les points de vue de différents blogueurs de Habari RDC.

Beaucoup de déception

À Mbujimayi, le blogueur Caleb Musasa se dit déçu par le chef de l’État : « Je m’attendais à ce que Kabila accepte qu’on lui présente un seul nom au lieu de trois au poste de Premier ministre. Son discours risque de raviver tensions et hostilités dans le pays étant donné que le Rassemblement de l’opposition ne se reconnaît pas dans ce discours. »

Même point de vue que celui de Fiston Mahamba de Goma qui qualifie l’allocution du président Kabila « d’un discours à double piège tendu au Rassemblement de l’opposition, afin de lui faire porter le chapeau de l’échec de la mise en œuvre des accords. » Fiston relève qu’« en demandant à l’opposition d’harmoniser ses vues, Joseph Kabila sait que cela ne pourra pas être possible dans les 48 heures ».

Un discours peu convaincant pour les jeunes

Le blogueur Dido Songole de Kinshasa est préoccupé par les difficultés de la jeunesse congolaise. Selon lui, « le problème de l’emploi des jeunes reste une utopie. Le président a parlé de la résorption du chômage des jeunes. Ce sont des discours. Dans la pratique, tout cela reste lettre morte et sans aucune efficacité. Les jeunes étudiants congolais, dont les parents consentent d’énormes sacrifices, savent qu’une fois diplômés, les chances de trouver un emploi sont minimes en RDC. »

Kabila fait mauvaise lecture de la situation sécuritaire au Kasaï

L’insécurité dans le Kasaï  a retenu l’attention du blogueur Adrien Ambanengo. Il déclare : « L’appel à la paix au Kasaï par le président Kabila, est une sonnette d’alarme tardive de sa part après l’embrasement de la situation qui a affecté plus d’un millions de personnes. Pourtant, il y avait lieu d’éviter ce conflit. La rhétorique du président sur cette crise de Kamuina Nsapu n’est pas une bonne approche. C’est le gouvernement qui a créé ce conflit suite à son refus de reconnaitre le chef coutumier Kamuina Nsapu. La solution militaire ne marchera pas. »

Un bon discours à juger sur les actes

Pour Edizon Musavuli de Goma, cette allocution a du positif. « Ce discours est pour moi et pour beaucoup d’autres jeunes congolais un nouvel espoir. Seulement, promettre est une chose, réaliser en est une autre », affirme-t-il. Et d’ajouter : « Pendant que les Congolais voyaient leur pays aller tout droit dans l’impasse, cette mise au point du chef de l’État est un jet de lumière dans un trou noir. En cette période décisive et agitée que traverse la RDC, on ne pouvait attendre mieux de lui ».

Point de vue d’un économiste

L’économiste Michel Mbengya de Lubumbashi s’est intéressé même aux petits détails de l’allocution du chef de l’État. « Dans ce discours, affirme Michel, j’ai retenu les hommages à feu Etienne Tshisekedi. 29 secondes de silence au lieu d’une minute. Ensuite, le chef de l’Etat s’est adressé à la population avec menace. J’ai aussi noté qu’il a dit qu’au plus tard ce vendredi à minuit on aura un nouveau Premier ministre. » Michel Mbengya déplore que le chef de l’État n’ait dit aucun mot sur la crise alimentaire au Katanga. « Le chef de l’Etat a parlé de la situation économique du pays, sans faire allusion à la farine de maïs devenue un luxe (pourtant aliment de base) dans l’ex-Katanga ».