Pendant que les autres villes du pays avancent en terme de liberté de la presse, Mbujimayi semble reculer. Voici presque deux mois que les émissions de débat politique sont interdites dans le chef-lieu du Kasaï-Oriental par la seule volonté des autorités. De telles pratiques au 21e siècle sont inacceptables.
Les autorités avaient – sans convaincre – justifié cette mesure d’interdiction des émissions de débat politique à la radio comme à la télévision par souci de préserver l’ordre public. Elles accusent les journalistes de manque de professionnalisme.
En réalité, les autorités craignaient que ces programmes de débat politique ne provoquent un soulèvement populaire à l’approche de la date fatidique du 19 décembre, marquant la fin du dernier mandat de Kabila.
Le ras-le-bol des auditeurs et téléspectateurs
Aujourd’hui, alors qu’un accord politique a été signé par la majorité et l’opposition sous l’égide de la Cenco, les émissions de débat politique restent interdites à Mbujimayi. Les auditeurs et les téléspectateurs commencent à exprimer leur ras-le-bol. Ils ne tolèrent plus d’être privés si longtemps de leurs émissions favorites. Les programmes tels que Diepu à la radio RTF, Mwena Ntanda à la KHRT, Tuambilangana à la RTNC ou encore Face à face à la RTDK se font vivement désirer.
Ce n’est un secret pour personne que les restrictions des libertés publiques se multiplient au Kasaï-Oriental. Aucune manifestation de l’opposition n’est autorisée à Mbujimayi depuis plusieurs mois. La suspension des émissions de débat politique n’est qu’une goutte d’eau qui risque de faire déborder le vase. D’autant plus que ces émissions sont considérées comme la voix des sans voix de la population.
Un mémo adressé aux autorités
Samedi 28 janvier, une structure dénommée « Collectif des auditeurs et téléspectateurs des émissions de débat politique » a écrit aux autorités de la province. Ce collectif exige la levée pure et simple de l’interdiction qui frappe les émissions de débat politique. Une interdiction qui ne se justifie pas, étant donné qu’il n’y a plus de tension politique dans la ville, comme c’était le cas avant le 19 décembre.
Pour plusieurs analystes politiques indépendants, le gouvernement du Kasaï-Oriental est allé au delà de la ligne rouge. Ils se demandent si les autorités comprennent ce que signifient la démocratie, le respect de la Constitution et la liberté de la presse.