Qu’y a-t-il de plus vicieux que de transformer une victime en bourreau ? Les ex-enfants soldats de Thomas Lubanga se voient enfin réhabilités par la Cour pénale internationale…
Les gamins enrôlés de force pour servir de combattants dans des conflits dénués de légitimité idéologique, sont des souffre-douleur indéniables. Pourtant, après les conflits, ils sont stigmatisés, dénigrés, isolés. Suite au procès de Thomas Lubanga et à sa condamnation à quatorze ans de prison, les ex-enfants soldats de cet ancien chef de guerre congolais viennent de se voir attribués, ce 15 décembre, par la Cour pénale internationale (CPI), 10 millions de dollars de réparations collectives. Au total ce sont 425 victimes directes ou indirectes de l’ex-chef de l’Union des patriotes congolais (UPC) qui auront droit à des indemnisations, notamment des enfants – aujourd’hui adultes – parfois embrigadés à l’âge de onze ans, comme soldats ou gardes du corps en 2002 et 2003 en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo.
Deux nombres méritent précisions. Selon le juge Marc Perrin de Brichambaut, le montant des réparations collectives fixé par la CPI « comprend à la fois la responsabilité » de Lubanga « concernant les 425 victimes présentes dans l’échantillon et sa responsabilité à l’égard de l’ensemble des autres victimes potentiellement éligibles ». Le second nombre concerne justement le nombre des victimes. On considère que des centaines, voire des milliers de personnes additionnelles ont été affectées par les crimes dont il est question. Les juges de La Haye ont reconnu être incapables de déterminer leur nombre précis.
La Cour n’a ni interdit au tortionnaire présumé de faire appel, ni exclu la collecte de fonds supplémentaires, toujours au titre des indemnisations. Au-delà des batailles de chiffres – légitimes et déterminantes – cette injonction de la Cour au Fonds au profit des victimes (organe indépendant mis en place par le Statut de Rome) réconforte les ex-enfants soldats, enfin reconnus comme martyrs. Ils ont perdu leur jeunesse et souffrent souvent de troubles, notamment de sentiments suicidaires, de même que les jeunes filles victimes de viols dans les camps de miliciens.
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