Après l’éruption du volcan Nyiragongo à Goma, le poète Volonté Viteghe s’exprime à travers un nouveau poème. Il parle de la colère de la nature.
Poème
C’était le soir du vingt-deux mai,
La nuit tombait sur les demeures;
Le lac sous la brise dormait,
Il était presque dix-neuf heures ;
Les lampadaires dans le noir
Essayaient de dissiper l’ombre ;
Mais le soir restera le soir
Tant que tout horizon est sombre ;
Pendant ces instants où tout fuit,
Où tout court derrière la montre,
Où le soir précède la nuit,
Où tout se cogne et se rencontre,
Un volcan fait couler le feu
Sur Goma, notre belle ville;
C’est bien Nyiragongo, ce dieu
À la colère indélébile .
En ce temps dur mais imprécis,
Il peint tout l’horizon en rouge,
Et ces mystères indécis
Avancent, doucement tout bouge,
Il fait frémir, il fait trembler
Sous la ferveur de sa colère :
De sa fumée, il a voilé
Le ciel et son beau drap stellaire.
Des milliers de gens fuient bien loin
Pour trouver asile et refuge
Loin du volcan qui reste plein
De lave, prêt pour un déluge ;
Vers Bukavu, vers Minova,
Des peuples entiers se déplacent:
On tremble, on pleure et on s’en va,
Les voies de l’asile se tracent.
Comme s’il trouvait distrayant
D’effrayer notre engeance humaine,
Nyiragongo ce grand volcan
Se replie pour que tout reprenne ;
Et il revient bien plus puissant,
Fait trembler les coeurs et la terre ;
Tue le fautif et l’innocent,
Contre tous, il veut être en guerre ;
La ville ? Il tente de l’engloutir,
La secoue avec des séismes.
Ses habitants, il les fait fuir
Devant ces affreux cataclysmes.
Peut-être bien qu’il veut parler
Dans ces éruptions sublimes;
Veut-il nous dire inconsolé
Qu’il est fatigué de nos crimes?
Veut-il peut-être rappeler
Que nous habitons sur ses terres,
Qu’il ne sert à rien de faire couler
Sur ses terres le sang des frères ?
Il veut peut-être nous souffler
Ce qu’il veut de nos attitudes,
Qu’il peut bien nous contrôler
Nonobstant toutes nos études.
Nous rappelle-t-il qu’il est temps
De faire tomber les frontières
Entre pays et habitants,
Qu’entre humains nous sommes tous frères ?
Toutes ces failles à Goma
Qu’il a tracées, parlent Je pense.
Toutes ces failles au Rwanda
Sont : l’éloquence du Silence.
Et si nous pouvons écouter
La voix sage de la Nature ?
Elle a voulu nous inviter
À l’unité par sa blessure.
Chapeau bas poète. Merci pour ces vers. Que Dieu bénisse votre plume.
C Cool Mon Pot,
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