A travers les rues et avenues de nos villes, se dessine un paysage évolutif qui témoigne de notre histoire, de nos valeurs et de notre époque. Autrefois empreints de symboles forts tels que les noms de grands leaders politiques ou des lieux de batailles mémorables, ces noms de rues ont aujourd’hui subi des transformations profondes qui interrogent notre identité collective.
Dans la mémoire de nombreux citoyens, les noms des rues évoquaient autrefois des figures historiques marquantes comme Okito, Lumumba, Kimbangu, Mobutu ou Kasavubu. Chaque nom portait avec lui un poids symbolique, reflétant l’importance de ces personnalités dans l’histoire du pays et parfois même des luttes pour l’indépendance.
Flatterie ou envie de moderniser ?
Cependant, l’évolution rapide de nos villes a vu émerger de nouvelles pratiques dans la dénomination des rues et avenues. Aujourd’hui, certains noms semblent être attribués sans le même souci de préserver un héritage historique ou une mémoire collective. Des avenues sont nommées d’après les premiers habitants à s’y installer, souvent les plus fortunés, ou même parfois par clientélisme ou flatterie.
Un cas marquant est celui de la chaussée de Kasenga à Lubumbashi, devenue le boulevard Étienne Tshisekedi, alors que son fils venait de passer président de la République, déclenchant des réactions contrastées au sein de la population. Les autorités avaient fini par faire marche arrière.
On peut aussi noter la présence d’une « avenue G-Unit » toujours à Lubumbashi, en référence au célèbre groupe de rap américain, qui illustre l’influence parfois inattendue de la culture populaire mondiale sur nos espaces urbains. C’est le moins qu’on puisse dire.
En contraste avec ces noms parfois fantaisistes ou opportunistes, d’autres rues portent simplement le nom de « Chemin public », soulignant peut-être un manque d’investissement dans la reconnaissance de figures importantes ou d’événements historiques locaux.
La dénomination des rues et avenues est bien plus qu’une question administrative ; c’est un reflet de notre identité collective et de notre mémoire collective. Face à une urbanisation croissante et à des défis contemporains, il est crucial de trouver un équilibre entre l’héritage historique et la modernité, afin que nos rues continuent de raconter notre histoire et de célébrer nos valeurs communes.