Depuis quelques jours, l’hôtel de ville de Kinshasa a entrepris des travaux de dragage de rivières et de caniveaux bouchés dans la capitale. Objectif : faciliter la fluidité du passage des eaux pour éviter des inondations, alors que la saison des pluies est en train de revenir. Mais toute la question est de savoir si déboucher une rivière ou un caniveau résout le problème.
Le gouverneur de Kinshasa, Daniel Bumba, supervise ces travaux de curage des rivières et cours d’eau de la capitale. Preuve qu’il y attache une grande importance. Le slogan qui accompagne ces travaux c’est : « Zéro mort et zéro inondation ! » pendant les pluies à Kinshasa. Je pense que c’est une bonne initiative, mais il faut en amont y ajouter d’autres solutions et mesures fortes. Car, à quoi sert-il d’évacuer des déchets de rivières et de caniveaux le matin, quand on sait que la population va y en jeter d’autres le soir ? C’est un peu comme de soigner les symptômes en lieu et place de la maladie.
Ce qu’il faut faire
A mon avis, il y a deux choses très importantes à faire pour mettre fin à l’insalubrité et aux inondations dans la ville de Kinshasa :
1. Il faut des poubelles publiques bien entretenues au quotidien, mais aussi un service d’ébouage permanent, efficace et bien équipé, à la hauteur de la taille de la ville, et qui fait le porte-à-porte pour ramasser les déchets et les immondices. Kinshasa produit 10 000 tonnes de déchets tonnes de déchets par jour, soir environ 3.6 millions par an. Et ce n’est pas un petit salongo le weekend qui peut résorber l’insalubrité. Cela exige des moyens et il faut y mettre des moyens à la hauteur du défi.
2. Instituer des amendes exorbitantes et poursuivre en justice chaque pollueur de la ville, quel qu’il soit : citoyen lambda, entreprise, autorité, etc. Raser toutes les maisons construites sur le lit des rivières. Pour résumé je dirai que L’insalubrité et les inondations à Kinshasa se termineront lorsque se terminera également l’impunité des pollueurs.
Les déchets c’est aussi de l’argent
L’État devrait surtout doter la ville de plusieurs usines de recyclage de déchets. Ces 10 000 tonnes de déchets par jour, s’ils sont recyclés, peuvent à leur tour produire de l’argent et renflouer les caisses du Trésor public. Des déchets comme les bouteilles plastiques et les ferrailles sont des matières recyclables susceptibles d’être réutilisées sous forme d’autres produits que la population peut acheter.
En conclusion, le curage des rivières et des caniveaux est une bonne chose, mais il ne suffira pas. Le gouverneur de Kinshasa ferait mieux de mettre en place des amendes dissuasives et des poursuites judiciaires contre les pollueurs. Le service d’assainissement urbain devrait être doté de tous les moyens pour lutter en permanence contre les déchets, afin de juguler l’insalubrité.