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Les ex-détenus se croient intouchables et intimident de paisibles citoyens

La prison est-elle un foyer de production des cous raides en RDC ? Très souvent, beaucoup de ceux qui en sortent brandissent leur identité d’ex-détenus pour intimider et chercher à dompter leur entourage. A Lubumbashi, il y en a qui, pour un simple reproche, n’hésitent pas à vous rouer de coups parce qu’ayant déjà fait la prison. Ils n’ont rien à craindre, peut-on entendre dire.

C’est pour avoir déjà été moi-même victime de beaucoup d’agressions verbales et témoin d’agressions physiques que j’ai décidé d’en parler dans ce billet de blog.

J’habite le quartier Kasapa, près de la prison qui porte le même nom. Dans ce quartier, les jeunes ayant déjà été emprisonnés ne sont pas rares. Se distinguant par leur promptitude à créer des scènes de bagarre, de panique… ces jeunes se comportent en seigneurs des lieux. Sans scrupule, ils travaillent pour cette réputation dans le but de dominer.

« Personne et rien ne peut être au-dessus de quelqu’un qui a déjà été en prison. D’ailleurs vous devez respecter et féliciter un ex-détenu, car il a connu un monde que vous ne connaissez pas », affirme Chibo, d’un regard narquois.

De gros bras tatoués en évidence, cet ex-détenu venait de briser copieusement un étalage d’une pauvre vendeuse dans un marché. Il lui reprochait d’être sur la servitude de l’État.

La prison, punition ou école de récidive ?

Un autre ex-détenu ayant requis l’anonymat explique que la chose extrême qu’il ait jamais affrontée dans sa vie, était la prison. « Mais après l’avoir connue, je n’ai plus peur de rien », dit-il. Il poursuit : « J’ai cassé les mythes de la prison, et la loi ne me régit plus, seule ma conscience. D’ailleurs, même quand je récidive et qu’on me remet en prison, je sortirai encore. »

Comme d’anciens prisonniers, beaucoup de jeunes considèrent à tort leur passé carcéral comme un baptême pour devenir des citoyens « affranchis » des lois du pays. Voilà qui devrait obliger le gouvernement congolais à revoir sa politique carcérale. Cette politique devrait plus viser à aider le condamné à s’amender pour sa bonne réinsertion sociale et non à le punir.

C’est important pour protéger la société et prévenir la commission de nouvelles infractions. Un ancien prisonnier, qui a purgé sa peine ou qu’on a relaxé, prend généralement la résolution de changer. Pour y arriver, je pense qu’il faut notamment renforcer la rééducation dans les milieux carcéraux. Raison pour laquelle ces lieux clos, insalubres et violents devraient être humanisés.

 

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