Crédit : photo tiers
article comment count is: 0

Faute de vocabulaire suffisant, le lingala se nourrit de noms de marques étrangères

« Est-ce qu’il y a du Maxam ? », demande une cliente dans une boutique. Le vendeur répond que non. Mais la cliente se fâche en montrant du doigt des tubes de dentifrice sur une étagère. Pour elle, « Maxam » qui est une marque de dentifrice, désigne tous les dentifrices du monde. La querelle qui s’en suit me fait me rendre compte combien la publicité a façonné le vocabulaire kinois.

Des années durant, les médias, notamment à une époque où il n’existait pas de forte concurrence, exerçaient une influence très grande sur le langage courant des populations. Les marques, dont les publicités occupaient beaucoup de temps d’antenne et étaient répétées régulièrement, sont naturellement devenues pour les auditeurs et les téléspectateurs, des références dans le langage. C’est le cas du stylo (bic), de la sardine (Anny), des conserves (Exeter), de la margarine (Bleu Band), des rasoirs (gillette), véhicule 4X4 (Jeep)… Il y a ainsi de nombreux autres produits dont les noms de marques, se sont substitués à la catégorie des produits auxquelles elles appartiennent.

Si les nouvelles générations de consommateurs ont accès à des canaux plus larges et moins monopolistiques que ceux des décennies passées, il n’empêche que le lingala a adopté ces marques dans son vocabulaire courant.

Absence de normalisation

Le problème du lingala et de nombreuses autres langues congolaises et africaines, est qu’elles ne disposent d’aucune structure de type Académie française, qui pourrait normaliser des aspects comme l’orthographe des mots, la prononciation, l’ajout ou le retrait de vocables et bien plus encore. La version du père de Boeck, éditée dans le livre de grammaire et de vocabulaire de lingala ou langue du Haut-Congo de 1904, reprend les vocables originels des peuples du Nord du pays, auxquels l’Église a rajouté des mots liturgiques.

Les sciences, particulièrement la technologie, sont les parents pauvres de l’évolution du lingala. Ce qui ne s’explique pas, étant donné que les influences médiatiques ne cessent de façonner le vocabulaire de nos langues. L’académie des langues et de littérature zaïroises qui devait au-delà de la standardisation, ouvrir la voie à l’adoption par la littérature de notre richesse linguistique, n’a jamais dépassé le stade de l’idée.

Pour de nombreux Congolais, la maitrise de la langue française est un signe d’intelligence. On s’esclaffe lorsque quelqu’un commet une faute d’orthographe ou de prononciation. Mais, en fait-on de même quand quelqu’un écrit mal le lingala ?

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion