D’habitude, les écoliers se réjouissent lorsque sonne le temps d’aller en vacances. Mais à Mbujimayi ils sont contents de reprendre les cours. Leurs enseignants ont mis fin à une grève qui aura duré quatre semaines dans les écoles conventionnées catholiques du Kasaï-Oriental.
J’ai été émerveillée de voir des enfants très contents d’aller à l’école. C’est le cas des petits Vincent, Rachel et beaucoup d’autres encore. Ils venaient de passer environ 30 jours de congé forcé en raison de la grève des enseignants. Un mois de cours perdus pour des revendications salariales des enseignants.
Le calendrier scolaire n’est jamais véritablement respecté en RDC. Il y a toujours des interruptions : tantôt ce sont les événements politiques qui empêchent le déroulement des cours, tantôt la guerre comme celle de Kamwina Nsapu au cours de laquelle plusieurs écoles ont été détruites au Kasaï. Cette fois-ci c’était la grève des enseignants d’écoles conventionnées catholiques. Ils réclamaient un supplément de 25 000 francs congolais (environ 15$) sur leurs salaires de septembre 2017, supplément jamais payé par l’État. Pourtant, ils ont repris la craie blanche sans avoir obtenu satisfaction à leurs revendications.
Je m’étonne quand même que pour 25 000 francs congolais, l’État laisse les enseignants aller en grève, alors que des millions de dollars sont actuellement dépensés pour la campagne électorale de nos dirigeants. Ce traitement indigne, réservé à ceux qui forment nos enfants est à mon avis criminel. Il faut que l’enseignant congolais recouvre sa dignité. L’avenir du pays en dépend.
L’euphorie de retrouver les bancs pupitres
La crainte des élèves était de voir ce mouvement de grève se prolonger jusqu’au mois de janvier 2019. Nyclette par exemple, élève de 2e année au Collège Saint-Pierre de Mbujimayi, se dit soulagée : « C’est toujours bien quand les cours reprennent. Pour moi, c’est un soulagement. Ça faisait un mois que je trouvais toujours les portes de notre école fermées. Cela me rendait triste car les amis des écoles privées continuaient à étudier, alors que moi j’étais obligée de rester à la maison. Pourtant, mes parents ont déjà payé tous mes frais scolaires. »
Cependant, il ne suffit pas de reprendre les cours après une grève. Il faut rattraper le retard pris sur le calendrier scolaire. 30 jours de grève, ce sont des dizaines de leçons non vues et qui reviendront aux examens de fin d’année. C’est cela l’inquiétude de Carlos, élève de 6e biochimie à l’Institut Mpokolo. « Ces ruptures brusques des cours à cause de la grève nous obligent à passer des semaines de récupération pour combler les retards. Et des semaines de récupération ça veut dire des semaines de stress et de pression sur les élèves finalistes que nous sommes ! », s’indigne-t-il.
La grève des professionnels de la craie était décrétée au Kasaï-Oriental par la coordination diocésaine des écoles catholiques. Mais cette reprise des cours n’exclut pas l’éventualité d’un nouveau débrayage, étant donné que les enseignants ont stoppé leur mécontentement sans que leurs revendications soient satisfaites. Ce n’est donc surement que partie remise. Par ailleurs, pendant que plusieurs écoles privées se préparent déjà à donner les vacances de Noël et de Nouvel an aux élèves, les établissements catholiques, qui étaient en grève, cherchent encore à récupérer le temps perdu.