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Françoise Masika, la pépiniériste professionnelle de Kamandi

Une femme très connue à Kamandi : Françoise Masika Mukovya. Kamandi est un village perché sur les hauteurs du graben dans le territoire de Lubero dans l’Est de la République démocratique du Congo. Avec raison, Françoise est connue puisqu’elle a su diversifier ses sources de revenus en exploitant au mieux sa pépinière de café arabica.

A Lubero, un territoire de la province du Nord-Kivu en RDC, je fais la rencontre d’une femme exceptionnelle dans le village de Kamandi. En effet, le secteur du café a été depuis longtemps considéré comme purement masculin. Mais des exceptions ne manquent pas. Des femmes ont réussi à s’imposer dans ce domaine.

Mariée et mère de six enfants, pépiniériste professionnelle depuis neuf ans, Françoise déclare avoir été attirée dans ce secteur le jour où l’un de ses enfants est venu avec quelques graines de café qu’il avait planté et repiqué par la suite dans la parcelle. Lorsque que les graines ont germé, les gens sont venus acheter les plantules de café et son enfant a gagné de l’argent. Eureka !

Quand la pépinière devient du business

C’est là que Françoise a compris que le café est aussi un secteur à exploiter. Elle ne savait pas qu’en vendant des plantules de café, on pouvait gagner de l’argent. Elle s’est alors lancée dans l’aventure et est devenue pépiniériste.

Au moment du ciblage des bénéficiaires du Projet d’appui au secteur agricole dans la province du Nord-Kivu, Pasa-NK, programme agricole du gouvernement congolais financé par le Fonds international pour le développement de l’agriculture (Fida), Françoise a été retenue parmi les pépiniéristes à accompagner. Elle a ainsi bénéficié du soutien du projet Pasa-NK, via Rikolto en RDC qui en assure le lead depuis trois ans dans la filière du café arabica.

Pas mal de choses ont changé depuis, assure-t-elle. « Depuis que je suis accompagnée dans le cadre du projet Pasa-NK, ma pépinière est devenue très forte en production. Avant, nous avions des difficultés à avoir des sachets. Aujourd’hui, tout va bien et la production a augmenté », explique-t-elle. Cette déclaration prouve que le projet Pasa-NK lui a été d’un grand appui. Avant, elle produisait 500 plantules par saison. Aujourd’hui, la production a augmenté, passant de 500 à 20 000 plantules par saison.

Les difficultés du débutant

« À mes débuts, j’ai fait face à des difficultés telles que le manque de clients », se souvient la pépiniériste. Un vrai problème pour une activité commerciale, car le but était de produire et de vendre. Et quand on n’arrive pas à avoir des clients, cela pose problème et entraine la perte de semences. Mais aussi une perte en termes d’énergie et de temps de travail, car entretenir une pépinière demande beaucoup d’efforts.

Déjà, au départ, il faut préparer le germoir, et arroser avec de l’eau propre. Ensuite, il faut mettre les plantules dans la plate-bande où les clients viendront acheter. Et on doit continuer à entretenir les plantules jusqu’à la vente. Françoise Masika ne s’est jamais découragée. Bien au contraire, elle était très déterminée. Sourire aux lèvres, elle confie qu’il fallait « continuer et persévérer ».

Des bénéfices pour le bien-être familial

La question du prix était aussi un obstacle au début. « Une plantule se vendait à 100 francs congolais », dit-elle. A propos du coût de production, elle explique : « Je n’avais pas l’idée, car tout se faisait sans calcul. Je ne tenais pas compte de tout ça. Mais actuellement, les choses ont changé. Tout se calcule, car les pépiniéristes bénéficient d’un accompagnement des agronomes. On ne travaille plus comme avant, c’est-à-dire sans faire aucun calcul. »

Et d’ajouter : « Aujourd’hui, le prix de la plantule a augmenté. Une plantule se vend actuellement à 200 ou 250 francs congolais. Son coût de production est de 70 francs congolais, ce qui fait une marge bénéficiaire d’au moins 130 francs par plantule. » Clairement, Françoise fait des bénéfices.

L’usage d’engrais biologique est visible dans la pépinière de Françoise, les plantules de café sont en très bonne santé. Elle utilise la bouse de ses chèvres et les urines des lapins pour fabriquer cet engrais biologique qui a un impact positif dans la pépinière.

Françoise se projette dans l’avenir : «Je crois que je n’aurai pas du mal à m’en sortir après le projet Pasa-NK. J’ai acquis les connaissances qui m’aident à bien entretenir ma pépinière. L’utilisation des engrais biologiques sont d’une grande efficacité sur les plantules de café. Sans oublier mes réalisations personnelles. »

En effet, sur le plan personnel, Françoise a réalisé beaucoup de choses. Entre autres scolariser ses enfants. Sa fille a décroché son bac+5 en 2023 à l’Institut supérieur d’études agronomiques, vétérinaires, eau et forêt, ISEAVEF de Butembo. Une autre de ses filles est à sa quatrième année à l’université. Les enfants moins âgés sont à l’école primaire.

Françoise est détentrice de deux pharmacies dans son village. Elle les a financées grâce aux revenus de sa pépinière. Elle élève aussi des chèvres, des lapins et des poules. Voilà pourquoi elle est si confiante en sa capacité à pérenniser son business après le projet Pasa-NK. Elle affirme avoir déjà suffisamment investi dans sa pépinière pour tenir sans financement extérieur.

 

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Les commentaires récents (2)

  1. Attitude à encourager et surtout Faire appel aux femmes enfin d integrer l autonomisation par divers bias a l exemple de la vulgarisation agricole