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Guerre de 6 jours à Kisangani : les âmes des victimes n’ont jamais reposé en paix

Du 05 au 10 juin 2000, une quantité innombrable d’obus et d’autres armes lourdes s’abattait sur la ville de Kisangani. Les forces armées rwandaises et ougandaises avaient, ce jour-là, transformé « Boyoma singa mwambe » (surnom de la ville) en leur champ de bataille. Près de 760 civils y ont péri, et plus de 1000 habitants étaient blessés.

Bien entendu, c’est sans compter le déplacement des centaines de milliers de personnes et d’autres dégâts matériels occasionnés par ces violences. Vingt ans plus tard, je pense que les âmes des victimes n’ont jamais trouvé de repos. Trois raisons expliquent cette absence de repos.

     1. La justice sacrifiée sur l’hôtel de la réal-politique

La guerre de 6 jours est manifestement le pinacle d’une de très nombreuses violations de la souveraineté du Congo-Kinshasa. Ces crimes contre l’humanité perpétrés sur notre sol par l’Ouganda et le Rwanda sont imprescriptibles. En conséquence, leurs commanditaires ne devraient se dérober des responsabilités qui vont avec, fût-il au nom des enjeux sécuritaires ou politiques : la fameuse stabilité régionale.

Malheureusement, deux décennies plus tard, les différents régimes qui se sont succédé à la tête de la RDC ont choisi d’oublier la vérité et la justice. Curieusement, on ose dans ces conditions parler d’une réconciliation pourtant visiblement hypocrite avec ces pays. Pire, le président Félix Tshisekedi a fait suspendre, contre toute attente, les audiences de la Cour internationale de justice sur les réparations que l’Ouganda doit à la RDC.

Félix Tshisekedi a opté pour des arrangements à l’amiable dont les tenants et les aboutissants échappent totalement à l’intérêt de la population. De l’autre côté, aucun dialogue sincère n’a jamais été engagé avec le Rwanda, afin de jeter les bases d’une coopération judiciaire à même de faciliter l’administration de la justice.

     2. La non-indemnisation des victimes

Les nombreuses familles des victimes directes de ces affrontements meurtriers ont droit aux indemnisations proportionnelles au préjudice subi. A part le fait d’avoir emporté précocement des centaines de vies humaines, je dois rappeler que cette guerre injuste a fait perdre à plusieurs personnes les membres de leurs corps. Des bras, des mains, des jambes et des orteils amputés, des yeux crevés…

Organisés en association des victimes de la guerre de 6 jours, ces hommes et femmes attendent désespérément leur indemnisation sur le sort que leur ont imposé les Etats voisins avec, aujourd’hui, l’assentiment de nos dirigeants.

    3. Le délaissement des tombes où les âmes des victimes passent leur éternité

Malheureusement, les victimes doivent encore faire face à une autre attitude qui choque. La gestion du cimetière des victimes de la guerre de 6 jours est aussi calamiteuse que le massacre lui-même. Ce lieu de mémoire est quasiment abandonné, aucun soin ni respect pour les proches des survivants.

Je pense qu’il est important d’envisager rapidement la construction d’un mémorial plus respectueux pour les victimes de cette guerre barbare. Et c’est d’abord à nous qu’il revient de ne pas les oublier.

 

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