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Inde, une destination dangereuse pour les Congolais ?

Il s’appellait Olivier Katanda, ce jeune congolais de 29 ans originaire de Kinshasa installé en Inde depuis 2007, a été assassiné le 20 mai à New Dehli pour un banal différend de location de taxi. En réaction, à Kinshasa, les jeunes scandent des slogans hostiles aux commerçants indiens installés dans le centre-ville de Kinshasa, alors qu’à l’Est de la ville, d’autres tentent de piller un dépôt pharmaceutique appartenant à un laboratoire indien. Pour les Congolais, l’Inde qui était l’eldorado devient l’enfer.

Des menaces au quotidien  

Ce meurtre intervient juste un mois après la reprise du procès pour meurtre de Twende Mbuyi, un autre Congolais assassiné en août 2014, à New Dehli, sous l’œil passif de la police. Le quotidien des Congolais et des Africains en Inde est fait d’insultes et de dédain raconte Clémence, une ancienne étudiante de 29 ans qui y a passé deux ans. « Les seuls noirs qui jouissent d’un peu de considération sont les américains et dans une certaine mesure, les ressortissants britanniques », confie-t-elle.

Un gouvernement complaisant

Le gouvernement indien assiste impuissant à la montée du racisme, de la xénophobie et de l’intolérance religieuse. Si les africains sont victimes de leur couleur de peau et des préjugés qui vont avec ; les musulmans, les chrétiens et les femmes sont également  les victimes de ce que beaucoup qualifie de « mal indien ».

L’ Association des étudiants africains en Inde dénoncait déjà en 2013 le laxisme du pouvoir judiciaire à traiter les cas de racisme déposés devant les Cours et tribunaux. Sur plus de 200 plaintes, aucune n’a abouti en faveur des Africains, se plaint Christophe Okito, un autre Congolais étudiant en informatique.

Ne pas pour autant généraliser

« Mais tous les indiens ne sont pas mauvais », confie Damien Tshibangu, chef de travaux à l’Université de Kinshasa, qui y a séjourné pendant 3 mois dans le cadre d’un programme d’échange universitaire. Pour lui, la formation et l’éducation très conservatrice de la société indienne à majorité hindoue ne les prépare pas à la diversité et au brassage culturel. « Les images que nous voyons dans les séries indiennes cachent une bien triste réalité » dit-il. Damien Tshibangu relativise le racisme qu’il attribue à l’éducation et affirme que ceux qui sont intolérants ne disposent pas généralement d’une formation très poussée.

« Décongoliser l’Inde »

Avec près de 5000 personnes, les ressortissants de la RDC représentent 10% de la communauté estudiantine africaine en Inde. Le Congo est le pays francophone le plus représenté au conclave India–Africa organisé par la Confédération des industries indiennes depuis 2009. Mais l’image de ce pays se dégrade dans l’opinion congolaise. La mort récente d’Olivier Katanda est venue rappeler la contradiction du pays de Gandhi qui, tout en s’ouvrant au monde, refuse de reconnaitre ses démons intérieurs et la RDC, pourtant l’un de ses partenaires privilégiés. L’inaction des autorités devant l’injustice a créé au sein de l’opinion publique, un racisme « anti-indien ».

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