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Instabilité d’internet : le « télétravail » est difficile à réaliser à Kinshasa

Instabilité de la connexion, d’une part, coût trop élevé et communication de crise qui laisse à désirer, d’autre part. Les sociétés de télécommunication et l’Autorité de Régulation ne facilitent pas la tache à la population en ce temps de crise. Je vous explique pourquoi

Instabilité de la connexion internet et coût élevé

Impossible de parler de « télétravail » sans recourir à internet. L’usage des plateformes de vidéoconférence devient de plus en plus sollicité. Malheureusement, la qualité de la connexion internet nous fait toujours défaut. Vous pouvez être en plein réunion de travail quand soudain, votre voix se robotise ou une coupure subite intervient. En cause, une connexion internet instable et de mauvaise qualité. Je ne vous dis pas combien de fois je suis passé d’un réseau à un autre, mais la qualité reste la même, pour prendre part aux réunions sur « Zoom » en ce temps de confinement.

C’est aussi ce qu’explique Richine Masengo, activiste de droit de l’homme et Directrice Exécutive de l’ONG Si jeunesse Savait : « on paye beaucoup trop cher la connexion Internet mais on a que les miettes de ce que nos collègues de Kenya ou de Brazzaville reçoivent. Pour envoyer un mail, il faut mettre des heures. C’est par chance si tu arrives à envoyer un mail d’un seul clic. Ça me fait tellement honte de le dire, mais honnêtement, ce que je paye pour ma connexion internet, c’est à peu près 70% de ce que je paye pour mon loyer. Je perds donc beaucoup en termes de temps, et d’argent. Honnêtement, ça me fait la honte que même la connexion mobile de 125$ par mois ne soit en mesure de répondre efficacement à mes attentes. » À elle d’ajouter : « Actuellement, avec tous mes partenaires, j’ai peur lorsque l’heure du rendez-vous Skype ou zoom approche. En plus de vérifier si la charge est bonne, il me faut appeler tous les saints pour que la connexion ne coupe, non parce que je n’ai pas de forfait, mais parce que la qualité de mon côté ne permet pas de faire un appel sans interruption.»

Des décisions inappropriées

En ce temps de crise, il aurait été mieux que les sociétés de télécommunication au Congo, en accord avec l’ARPTC qui régule ce secteur, soutiennent la population en prenant des mesures qui nous facilitent la connectivité. Cela aurait pu s’exprimer par des mesures comme la diminution des couts d’achats des forfaits, l’augmentation des forfaits et de leurs durées ou l’amélioration de la qualité de service. Parce qu’il faut savoir qu’à défaut de se déplacer, nous utilisons désormais internet pour beaucoup plus qu’un simple divertissement. Internet est devenu notre boutique, notre salle de réunion, salle de classe et même notre banque.

Au lieu de tout ça, l’ARPTC annonce le 6 avril qu’après réunion avec les sociétés de télécommunication, elles  décident  que « la validité de toute charge DATA d’une valeur  de 10 unités  bénéficiera  désormais  d’un bonus  de 48 heures ». Qu’est-ce que cela veut exactement dire ? Je ne suis pas seul à rien n’y comprendre. A en croire cette communication, cette mesure qui du reste est déjà peu compréhensible, ne concerne que ceux qui achètent les forfaits de 10 unités. Cela n’ajoute rien à ce forfait, sauf la durée de 48 heures de plus.

Alors, sachant qu’un forfait de 100 unités ne fait pas plus 6 heures à usage constant malgré qu’il est censé faire 24 heures, à quoi bon donner 48 heures à ces maigres mégas de 10 unités qui  elles, ne durent que le temps d’une inscription sur Facebook, donc moins de 5 minutes, en temps normal.

Déjà, les organisations de la société civile comme l’Asahdo, se mobilisent contre cette insensibilité des télécom et appelle la population au boycott. Faudrait-il qu’on en arrive là pour que des initiatives de bien faisances suivent ?

Oui, les jeunes veulent rester compétitives/tifs sur le numérique et produire des app, et autres innovations, mais comment les tester, comment le rendre aussi populaires si l’élément de base qui est l’internet est extrêmement coûteux et offre une qualité de misère malgré la fortune qu’elle conditionne pour y accéder ? Honnêtement,  il reste au gouvernement d’exiger le meilleur pour sa population comme condition ultime aux opérateurs et fournisseurs de service internet.

 

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Les commentaires récents (7)

  1. Un plaidoyer que je soutiens; il faudrait aussi se former pour utiliser internet sans dépendre des opérateurs.