Visite du chef adjoint de la MONUSCO à Kamanyola le lundi 18
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J’avais tort d’avoir des préjugés sur les albinos

Pendant un colloque pour la paix à Kolwezi dans la province de Lualaba, réunissant différents jeunes issus de presque toutes les 26 provinces de la RDC, j’ai eu à partager le même lit qu’une une fille albinos. Ce que j’avais pris au début comme un manque de chance s’est avéré une des plus grandes leçons de vie que j’eue pendant ce séjour, une révélation presque : les albinos sont des personnes comme nous. Toute ma vie auparavant je m’étais trompée sur eux !

 Le tirage perdant mais gagnant

Cet événement qui se tient une fois l’an a eu lieu en avril cette année. J’étais parmi les trois jeunes qui représentaient le Nord-Kivu  aux assises. Nous étions une vingtaine dont une albinos, et nous devions passer une nuit dans un centre d’accueil.Les jeunes ont été répartis par deux dans les chambres selon le sexe. Le temps de compléter quelques fiches pour être placés dans des chambres, les amis de Goma et moi décidons d’aller manger un peu plus loin dans un restaurant.

Revenant de là, toutes les personne sont déjà mises deux par deux par chambre, sauf moi. La seule place qui reste et qui m’a été réservée à défaut en mon absence est celle que l’albinos occupait déjà. Ce n’est pas de bol pour moi me suis-je dit intérieurement. Pire, il n’y a qu’un seul lit. Nous allions donc devoir nous frotter  l’une contre l’autre toute la nuit ! Le comble c’est aussi qu’il y a une moustiquaire ! On allait aussi donc respirer ce même air dans cet étroit espace l’albinos et moi ! J’étais aux abois ! Comment ai-je fait le seul tirage de la chambre de l’albinos ? Je maudis alors ce repas que nous venions d’aller prendre.

Prenant mon courage à deux mains, je dis juste bonjour à l’albinos Aziza et directement je rentre dans une chambre voisine demander pourquoi Aziza était toute seule : « T’es la dernière arrivée et donc il te faut te plier au choix de passer les 5 prochaines nuits avec l’albinos, nous avions toutes peur de partager la chambre avec elle, tu devras supporter ! » m’ont-elles répondu !

J’avais peur, mais je ne pouvais pas le montrer, je suis quand-même connue par les autres comme une vraie activiste des droits de l’Homme, il me fallait jouer le jeu de l’indifférence face à cette situation!

Les cinq nuits, une vraie leçon de vie

C’était donc ce tout petit lit qu’on allait partager cinq nuits ! Les deux premières je n’avais pas dormi du tout ! J’essayais de m’éloigner le plus possible d’elle pour éviter tout contact de nos corps. Si elle lâche un pet, deviendrai-je folle ? Si on se touche, aurai-je aussi des enfants albinos ? Va-t-elle disparaître du lit pour réapparaître le matin ? Telles étaient mes craintes, toutes fondées sur des préjugés ! Mais durant ces deux nuits elle n’a pas disparu, pas même une seule fois.

Quand j’ai entamé une conversation sérieuse pour parler de sa condition, j’ai découvert une Aziza intelligente, très propre et ambitieuse. Elle a toutes mes valeurs. C’était comme si je me regardais dans un miroir ! Elle est aussi la vice-présidente des albinos de Lubumbashi. On pouvait donc parler de toutes ces questions taboues que je me posais. Elle m’a ainsi aidé à comprendre que j’étais dans l’erreur, qu’il ne fallait jamais juger des personnes sur des préjugés car ils sont infondés.

Je venais de me trouver une amie alors que je pensais avoir eu de la malchance au départ. Désormais je n’ai aucune peur de me faire de nouveaux amis albinos partout où je vais au Congo !

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Les commentaires récents (1)

  1. Article inspirant et plein de leçons. AZIZA est en effet une de ces dames qui se bat quotidiennement pour sa communauté marginalisés. Une femme courageuse.