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Kabila l’imprévisible

Déjouer les prédictions, Joseph Kabila a su le faire. Dès son arrivée à la  tête de la RDC, cet homme – autrefois imberbe mais aujourd’hui barbu – s’est caractérisé  par des surprises, faisant mentir tous les pronostics.

Plusieurs faits illustrent en réalité que le quatrième président de la RDC s’est révélé généralement comme un homme des surprises, surgissant souvent là où on l’attend le moins. La fin de la mandature de Kabila est tellement éloquente à ce sujet.

Au dialogue de Kodjo, Kamerhe attendu, Badibanga surgit

Arrivé à la fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel, le président Joseph Kabila n’a pu organiser les élections dans le délai constitutionnel, en décembre 2016. C’est ainsi qu’un dialogue a été initié avec les différentes forces vives sous l’égide de l’ancien Premier  ministre togolais Edem Kodjo, alors émissaire de l’Union africaine. Parmi les résolutions, une transition est annoncée avec la mise sur pied d’un gouvernement d’union nationale. Le Premier ministre devait venir de l’opposition.

Pour son rôle joué dans les discussions, l’opinion s’attendait à ce que Vital Kamerhe de l’UNC (Union pour la nation congolaise) occupe la primature. Mais, surprise, c’est Samy Badibanga de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) qui a été nommé Premier ministre.

Au dialogue de la Saint-Sylvestre, Bruno Tshibala dribble Felix Tshisekedi

Le dialogue qui a suivi, puisque le précédent n’avait pas résolu la crise autour de l’alternance au pouvoir, un deuxième dialogue a donc eu lieu cette fois-ci sous la médiation des évêques catholiques de la Cenco  (la Conférence épiscopale nationale du Congo). Au terme des échanges naissait un accord dit de la Saint-Sylvestre. Il préconise la formation d’une nouvelle équipe gouvernementale en attribuant la primature à l’opposition, notamment à l’UDPS. Alors que le nom de Félix Tshisekedi circulait, Kabila surprend encore une fois et désigne Bruno Tshibala comme chef du gouvernement. Ce choix a eu pour  effet de fragiliser l’opposition, spécialement l’UDPS.

Kabila reste au pouvoir, sans avoir changé la Constitution

Briguera, briguera pas un troisième mandat ? La question a persisté jusqu’à la désignation du dauphin du président Kabila en 2018. Le raïs a longtemps été soupçonné de vouloir se représenter au-delà des limites établies par la Constitution. Au final, il aura passé deux ans de plus, presque la moitié d’un mandat présidentiel, sans avoir été réélu et sans avoir touché à la Constitution comme le réclamaient ses proches. N’est-ce pas surprenant dans ce pays où les Congolais l’appelaient à quitter le pouvoir ?

On se rappellera aussi qu’alors que Matata Ponyo, ancien Premier ministre de Kabila, ou encore le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, tous pressentis comme probable dauphin du président, le raïs s’est choisi une personnalité parmi les moins attendues, en l’occurrence Emmanuel Shadary. Surprise, une fois de plus !

Il faudra noter aussi, enfin, qu’à l’issue de la présidentielle du 30 décembre 2018, beaucoup de Congolais pensaient que Kabila ferait tout son possible pour que son dauphin soit déclaré vainqueur. Mais c’est plutôt un opposant, Félix Tshisekedi – que certains n’attendaient pas – qui a été proclamé élu. Bref, les surprises on en aura eu à gogo avec Kabila, la liste n’est pas exhaustive.

 

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