Les grands scandales politiques, mais aussi économiques et administratifs en RDC se jouent à Kinshasa. Le dernier, qui rappelle cette triste réalité, c’est l’affaire des emplois fictifs. Comme quoi, les grands changements possibles devraient partir de là.
Sans nul doute, Kinshasa est le lieu où meurt l’argent que produisent les provinces congolaises. Des plus réputées riches en ressources naturelles (comme le Katanga, le Kasaï-Oriental, l’Ituri et le Nord-Kivu), aux moins riches.
Oublions, ici, l’épineuse question des recettes à caractère national que les provinces n’ont pas le droit de retenir à la source, mais que la capitale Kinshasa ne rétrocède qu’à compte-gouttes, accumulant souvent plusieurs arriérés. Oui, ce sont les fameux 40% qui ont fait parfois le malheur de certains gouverneurs qui osaient les réclamer au gouvernement central.
Un détournement de deniers publics bancarisé
Le dernier scandale, est sans doute choquant. Entre 2011 et 2013, le gouvernement de Matata Ponyo annonçait avec pompe avoir déniché de nombreux agents fictifs grâce à la bancarisation des salaires des fonctionnaires publics. Des morts, mais aussi des gens qui n’existaient pas, recevaient régulièrement leurs salaires. À la fin de chaque mois. Et même certains agents dûment enregistrés recevaient le double.
Pas de sanction. Pas de procès. Bravo, l’argent a quand-même été gagné, peut-on oser dire. Sauf qu’aujourd’hui, il a suffi d’une enquête de l’Inspection générale des finances pour apprendre, et c’est ahurissant, que l’argent qui était censé avoir été reversé au Trésor public, a fini dans les poches de 50 individus environ. Drôle de bancarisation ! Puisque finalement, c’est plutôt le détournement qu’on a probablement réussi à bancariser.
Durant 101 mois, soit d’août 2011 à novembre 2019, l’Etat congolais aurait perdu chaque année au moins 507 021 105 899 milliards de CDF. Ceci avoisine 260 millions de dollars US, au taux du jour. Le parquet dit avoir ouvert une enquête, nous espérons que cela ira plus loin que cette annonce.
C’est Kinshasa, enfin ?
Mais le plus important, dans ce bal de détournements éhontés et ridicules, c’est de réaliser que le Congo est peut-être sur le point de réussir un grand virage. Vers un Etat simplement normal, un Congo dans lequel nous aimerions vivre plus longtemps : où ceux qui se sont plu dans le vol, le désordre et une administration chaotique, auront des comptes à rendre.
Je pense que le premier de ces changements devrait se jouer à Kinshasa. Mais c’est qui, en réalité, Kinshasa ? C’est tous ces Congolais qui, partant de leurs villages ou provinces, arrivent dans la capitale congolaise dans un vœu pieux de servir la République. Mais, comme à l’époque du parti État le MPR de tata Mobutu, se sont retrouvés en train de se servir pendant qu’ils crient servir la population.
C’est dû à une trop forte centralisation du pouvoir, alors que c’est la décentralisation qui est inscrite dans la Constitution. Kinshasa, c’est ces ministres du gouvernement central, ces gouverneurs des provinces, ces chefs des sociétés publiques, ces bourgmestres et administrateurs ou chefs de l’administration publique, qui prennent le service public pour leurs biens privés. Des chefs qui se croient tout permis. Ceux-là, où qu’ils aillent, ne produiront que la mal-gouvernance.