Malgré les progrès, les efforts et la percée du blogging au Congo, le statut du blogueur reste ambigu. S’il faut penser à la protection du métier des journalistes, il le faut aussi pour celui des blogueurs qui aujourd’hui jouent un rôle majeur dans la diffusion d’une bonne image du Congo et militent pour la promotion des droits de l’Homme.
Une chose est sûre, qu’on légifère ou pas sur le blogging, il faudra désormais compter avec les blogueurs, parmi les acteurs de l’information au Congo.
La voix des sans voix
Chaque jour, des dizaines de contenus en ligne sur le Congo sont produits par de jeunes blogueurs habitant parfois des quartiers périphériques. Jeunes hommes et femmes, ils sont les premiers à partager sur Internet les réalités locales, sans attendre nécessairement un salaire en retour. Ils ont juste la passion d’être lus et entendus. Au fil du temps, le blogueur est devenu la voix des sans voix. On doit le reconnaitre !
Je me souviens, lors d’un entretien avec un ami blogueur de Goma. Il m’a expliqué le rôle qu’ont joué les blogueurs pendant la période de guerre dans cette partie de la République : « Les médias internationaux et locaux n’ayant plus de correspondants sur place – plusieurs avaient fui la guerre – c’est de nous qu’ils tiraient la vraie information sur ce qu’il se passait à l’Est. »
A Kinshasa où tout le monde s’évertue à ne parler que des hommes politiques, qui ont dans leurs poches la plupart des médias traditionnels, rares sont les journalistes qui s’intéressent aux petits faits de société dans la population. Souvent, ils les traitent de « biloko efutaka te » (infos qui ne rapportent pas d’argent au journaliste). Mais c’est bien de ces petits faits oubliés de tous – et sur lesquels aucun projecteur des médias n’est braqué – que le blogueur cherche à ressortir toute la richesse du Congo. C’est le cas par exemple du phénomène des shégués (enfants de rue) appelés parfois à tort sorciers. Le blogueur lui, va vers ces « oubliés de la caméra » pour leur donner la parole. Il n’y a qu’à voir le nombre de médias qui jour et nuit copient ou plagient les contenus de nos blogs.
Le coût d’Internet, un grand frein
Cependant, il n’y a pas que la législation qui bloque l’épanouissement du blogging au Congo. Il y a aussi les problèmes d’accès à Internet et des coupures d’Internet motivées par des raisons politiques. Les médias en lignes par exemple, si Internet est coupé, ne peuvent paraitre. Les coupures et le coût élevé d’Internet au Congo sont à mon avis les plus grandes menaces contre la liberté de la presse au Congo. En janvier dernier, nous avons vécu la censure du web. Internet était coupé pendant 20 jours.
Comment voulez-vous garantir la liberté de la presse dans ce monde connecté, dans un pays où Internet est un luxe réservé aux riches ? On le coupe selon les humeurs de nos dirigeants pourtant appelés « élus du peuple ». Autres régimes, autres mœurs, peut-on dire, nous croisons donc les doigts en faisant confiance au nouveau président surnommé « Papa 100 jours ».
Pour terminer, mon dernier coup de gueule pourrait vous sembler radical, mais je pense qu’il a tout son sens dans un pays comme le nôtre. Plutôt que d’organiser des marches de santé en fanfare et des « troisièmes mi-temps » (retrouvailles dans une terrasse NDRL), pourquoi ne pas penser à organiser une « journée sans médias » pour protester contre les hausses du prix d’Internet, les assassinats des journalistes et les mauvaises conditions salariales des professionnels des médias au Congo ? En tout cas, ça pourrait bien aider certains à se rendre compte de ce que veut dire un pays sans presse libre.
Pendant que vous y réfléchissez, je vous invite à continuer le débat sur notre page FacebooK ? À bientôt, je vous y attends !