À l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance de la RDC, j’ai interrogé trois militants de la Lucha : Ghislain Muhiwa, membre de la cellule de communication, Grâce Maroy de la cellule d’action et Jedidia Mabela de la cellule appelée « luchologie ». Selon eux, la lutte continue.
Habari RDC : En tant que jeunes, 60 ans d’indépendance signifient quoi concrètement pour vous ?
Jedidia Mabela : À mon avis, les 60 ans d’indépendance nous rappellent que nos aïeux, les pères de l’indépendance, se sont véritablement battus pour nous jusqu’au sacrifice suprême, afin de nous léguer un pays libre et indépendant. Cependant, une succession de politiciens véreux a de nouveau hypothéqué notre indépendance.
La souveraineté sociologique, c’est-à-dire la capacité de faire, de faire faire et d’interdire de faire, n’a pas accompagné la souveraineté juridique. Il nous faut de nouveau, nous réapproprier notre indépendance.
Le Congo est indépendant, mais vous dites que la lutte continue. Quel bilan des mouvements citoyens depuis le commencement, notamment le bilan de la Lucha ?
Grâce Maroy : Comme bilan, nous pouvons nous frotter les mains parce que nous avons maintenant un peuple conscient de ses droits et devoirs. Même si nous avons encore beaucoup à faire, nous avons instauré la lutte non violente et la majorité du peuple congolais sait revendiquer ou défendre ses droits dans la non-violence.
La lutte de la Lucha a-t-elle encore sa raison d’être alors que Kabila est déjà parti ?
Ghislain Muhiwa : La lutte que nous menons, n’est pas une lutte occasionnelle ni contre un individu. C’est une lutte contre le système de prédation de notre nation, contre les antivaleurs qui rongent depuis plusieurs années notre pays. Nous nous battons pour refonder notre État, pour former un nouveau type de citoyen congolais et une nouvelle nation, un Congo nouveau. Nous luttons pour l’aboutissement du rêve de Lumumba et de tous les autres pères de l’indépendance.
Lucha, Filimbi, Congolais Debout… Le moment n’est-il pas venu pour les mouvements citoyens de parler le même langage ?
Jedidia Mabela : Nous avons toujours parlé le même langage avec les autres mouvements citoyens. Pour preuve, nous menons des actions en synergie avec eux, quand cela est nécessaire. D’ailleurs, nous sommes ensemble en ce moment sur le front des réformes de la Céni et de la justice.
Quelle est la finalité de votre lutte en tant que mouvement citoyen par rapport au contexte actuel en RDC ?
Ghislain Muhiwa : Aujourd’hui, nous devons renforcer notre ancrage communautaire et amener la population à être prête à se lever chaque fois que le droit est violé. Nous savons qu’en 2023, le pouvoir actuel peut vouloir encore voler nos voix aux élections. Alors, il faut bien préparer la population à freiner ce genre d’actes.
Nous devons également doter le peuple d’une vision pour les 100 ans à venir au Congo. C’est nous la génération établie pour réaliser le rêve d’un Congo uni, fort et prospère au centre de l’Afrique.
#60AnsDemainLaRDC