article comment count is: 1

La tribune de la Lucha : 60 ans d’indépendance, quel Congo voulons-nous ?

Le 30 juin 2020, cela fait 60 ans jour pour jour depuis que Lumumba et ses compagnons ont su accomplir leur mission qui était d’offrir à la postérité un Etat indépendant dont les 2,3 millions de km2 constituent ce que nous appelons fièrement la République démocratique du Congo. Le chaos indescriptible qui a suivi ne peut en aucun cas occulter la bravoure des pères de l’indépendance qui jusqu’au prix du sacrifice suprême ont su faire fléchir un système colonial criminel parmi les plus cruels que l’humanité ait connu.

Malgré la concurrence mémorielle entre la cruauté de la colonisation d’une part et les dictatures sanglantes qui on suivi l’indépendance d’autre part, il n’en demeure pas moins que la lutte de Lumumba continue à inspirer tous les combattants de la liberté qui rêvent et luttent pour un Congo véritablement indépendant.

60 ans de gâchis

L’exercice tendant à jeter un regard critique sur les 60 ans depuis l’indépendance pour  dresser un bilan peut s’avérer périlleux et parfois contreproductif. Tout de même, il est essentiel de s’y pencher un peu pour tirer les leçons afin de repartir sur de bonnes bases. 60 ans après, le rêve d’un Congo prospère est resté un vœu pieux.

Malgré un territoire immense et une grande population, nous n’avons pas su bâtir un Etat viable. Les crises à répétition ont démontré une difficulté à faire société et à établir un contrat social dans lequel les citoyen.nes ne sont pas des sujets mais de vrais détenteurs du pouvoir qui l’exercent directement ou par leurs représentants, sans que ceux-ci ne se substituent au souverain primaire.

L’économie du pays n’a pas décollé à cause d’un modèle basé sur la consommation, l’exploitation et l’exportation des matières premières sans valeur ajoutée. La mentalité des chasseurs cueilleurs, qui se servent dans la nature sans faire intervenir l’industrie, a laissé notre économie victime des influences étrangères que nous ne maitrisons pas, notamment les cours des matières premières. C’est dans la classe politique où cette mentalité de consommation  et du gain facile a été ostentatoire. En effet, les dirigeants qui tour à tour ont été à l’opposition et au pouvoir, considèrent le Congo comme un buffet gratuit où l’on vient se servir, sans travailler. Le travail a tellement été dévalorisé que les rares personnes qui tiennent à un travail bien fait sont vus comme des ovnis et stigmatisés pour leur excellence.

L’éducation n’a pas été à la hauteur des enjeux, des besoins spécifiques et des exigences du développement de la RDC. En lieu et place des filières techniques et professionnalisantes, les cursus théoriques sont valorisés à l’image des « cadres » qui sont en haut de la pyramide et dont le seul travail est de faire des discours creux, pleins de fausses promesses pour se faire élire lors des rares élections.

Il est clair que les responsabilités individuelles des certain.es Congolais.es et étrangers dans le chaos actuel sont évidentes. De même, nul n’ignore que les forces impérialistes lorgnent toujours sur les richesses du Congo et profitent de ce chaos. En revanche, nous, Congolais et Congolaises, portons  collectivement la responsabilité de ne pas avoir été à la hauteur des pères de l’indépendance qui attendent de nous de défendre à tout prix le peuple souverain contre des dirigeants qui se sont disputé le trophée de médiocrité depuis 60 ans.

Construire le Congo de nos rêves

Nul n’est besoin de rappeler que le Congo tel qu’il est aujourd’hui ne nous satisfait pas, il ne reflète pas le génie congolais. Nous méritons mieux et pouvons faire mieux. Nous voulons d’un Etat fondé sur des lois justes, un État respectueux de la justice sociale et de la dignité due à tout être humain. La Lucha est bâtie sur une vision de l’avénement d’un Congo nouveau tel que rêvé par le Père du Congo indépendant, Patrice-Emery Lumumba : une nation unie, paisible, libre, puissante et prospère grâce à l’effort individuel et collectif de ses propres filles et fils. Un Congo fier de ses identités multiples, de ses traditions ancestrales et de sa diversité linguistique et culturelle. Un Congo champion du panafricanisme politique et social, de la paix, la liberté et la dignité pour tous les êtres humains, et de l’écologie.

Pour nous, le Congo nouveau est celui dans lequel les pouvoirs publics et tous les dépositaires d’une quelconque autorité de l’Etat accomplissent leurs missions et leurs obligations vis-à-vis des citoyens et de la nation avec responsabilité, transparence et dévouement, et sont tenus de rendre compte au peuple souverain de qui émanent tout pouvoir et toute autorité.

Aujourd’hui, il est clair que pour arriver à ce Congo nouveau , nous ne comptons pas sur les dirigeants politiques qui, peu importe les bords politiques, ont prouvé leur incapacité. Il est hors de question de sous-traiter l’accomplissement de nos rêves pour le Congo par une classe politique qui pendant 60 ans a prouvé son incapacité.

Lumumba et ses compagnons nous ont libéré du joug colonial, il nous appartient de nous libérer du joug des médiocres qui nous dirigent.

Engageons-nous, reprenons notre pouvoir , exerçons-le !

#60AnsDemainLaRDC

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion

Les commentaires récents (1)

  1. Après 60 ans d’indépendance,les congolais devraient se réjouir et fêter cette journée si importantissime, mais nous regardons ce bilan macabre dû à une mauvaise gestion des institutions par nos autorités pour leurs propres intérêts égocentriques.Aujourd’hui, certains congolais préfèrent vive Dans nos pays frontaliers par manque d’une bonne vie sociale dans le pays.Nos héros nationaux avaient montré un bel exemple que nous devrions suivre pour bâtir un congo meilleur.Chaque citoyen a une part de responsabilité dans cette lutte, alors nous devons lever nos fronts longtemps courbés et agir le plus vite possible car le pays tend vers l’hécatombe grave.je me remercie beaucoup nos amis de la lucha qui travaillent d’arrache-pied pour dénoncer toujours des malfrats, opportunistes, malfrats…