Maguy Safi, coach de football à Lubumbashi en RDC
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Maguy Safi, unique femme coach de football qualifiée à Lubumbashi

Ses joueuses l’ont surnommée « Ibengène », une féminisation du nom du coach Florent Ibenge des Léopards de foot de la RDC. Maguy Safi est une jeune qui fait mentir les dieux des sports. Elle est entraîneuse, parmi les plus qualifiés du pays, puisqu’elle détient en plus un diplôme universitaire en sports. 

Maguy Safi est ainsi un oiseau rare que même l’équipe nationale de football devrait rechercher. Pourtant sa carrière montante cache une dose d’insatisfaction qu’elle ne voile pas.

Dans les rues de Lubumbashi, Maguy Safi est une femme ordinaire. Dans son monde, celui du football, elle gère pourtant l’équipe féminine de DCMP Bikira. Safi assure en plus des cours d’éducation sportive dans deux institutions scolaires et d’accueil social, tout en entrainant Intercampus, une équipe d’enfants et adolescents.

Rêves et désillusions

Après un séjour de formation à Barcelone en Espagne, Maguy Safi revient au Congo, plus motivée encore. Elle se convainc alors que tôt ou tard, l’avenir lui sourira. Son rêve : valoir pour la RDC ce que vaut Corinne Diacre pour la France. Mais comment y parvenir ? Que d’opportunités ratées, de dédains essuyés et d’injustices subies.

« Ma plus grande difficulté c’est de me faire accepter comme femme. Il y en a qui ne tiennent compte que de mon savoir-faire, mais j’espère cependant qu’avec le temps je serai reconnue par tous. Je ne suis pas pressée, je n’ai aucun complexe, je patiente », rassure-t-elle.

La jeune entraîneuse aurait pourtant pu finir médecin. Un rêve de ses parents qu’elle a enseveli sous le poids de sa passion pour le sport. Alors qu’elle étudiait à l’Institut supérieur pédagogique de Lubumbashi, en effet, ses parents la destinaient à la faculté de médecine où ils l’avaient envoyée.

Safi se rappelle encore aujourd’hui qu’en ce moment-là, atteindre son objectif c’est ce qui comptait pour elle. « Mon rêve était que je finisse à l’équipe nationale. Je me suis battue pour cette cause avec des trophées à la clé, mais à la fin, les conflits d’intérêt l’ont emporté sur les compétences. Sachez qu’à l’équipe nationale, on ne sélectionne pas ceux qui intègrent le staff, on les nomme. On me néglige, je constate, mais les joueuses subissent aussi le même traitement si elles n’ont pas d’affinités ou ne font pas de promesses particulières », se plaint la coach tout en assurant qu’elle y croit toujours.

La RDC serait-elle une terre de douleur pour ses propres filles et fils ? C’est bien la plainte de plusieurs Congolais qualifiés obligés de chercher le bonheur ailleurs. Un rêve hante Maguy Safi. « Je suis Congolaise et je veux servir mon pays, sinon je pourrais bien aller voir ailleurs. Je voyage beaucoup et reviens toujours servir mon pays mais pour quel traitement ? Je ne permettrais pas toujours pareille déconsidération », s’insurge la coach.

Déterminée au-dessus de sa féminité

Maguy Safi parmi les entraineurs congolais, c’est une consécration de la femme congolaise parmi les hommes. Au Katanga, elle est actuellement l’unique femme coach qualifiée. Elle a été joueuse avec plusieurs titres autant qu’elle en a décroché comme entraineuse. Ses compétences sont reconnues par ses joueuses et joueurs qui croient qu’« elle dépasse de loin plusieurs hommes dans ce domaine ». Mais elle refuse de s’en glorifier.

Pourtant comme femme, elle pourrait avoir de la peine à construire sa stabilité. Une difficile répartition entre une carrière sportive mouvementée et une vie familiale exigeante. Mais la coach sait faire la part des choses. « Je suis une femme, je le reconnais mais entrainer, c’est mon métier et rien ne me fait peur. Il revient à ceux qui m’entourent d’admettre mon choix. J’affronterai tout ce qui pourrait m’arriver mais abandonner mon métier, il n’en est pas question », martèle-t-elle.

 

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