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Monsieur le maire de Goma, laissez les marchés pirates fonctionner librement

Jeudi 25 juillet, un drame fait trembler toute la ville de Goma. Un véhicule fou fauche plusieurs personnes. Des médias parlent de 14 morts et plusieurs blessés. Puis Congo Check, média de vérification des faits, établit la vérité. En tout, ce sera 7 morts et 9 blessés. Mais cela reste énorme. Les victimes sont des commerçants des marchés pirates de Birere, le centre commercial de Goma.

Au lendemain de cet accident, le maire interdit formellement ces marchés qui se tiennent le long des grandes artères. On les appelle marchés pirates. Monsieur le maire, je pense que cette décision est malvenue.

Depuis la prise de cette décision par le maire, c’est devenu une aubaine pour les policiers de s’en prendre aux vendeurs qui, n’ayant aucun autre choix, se risquent aux marchés pirates. Les policiers confisquent leurs marchandises, prennent leur argent et tabassent même certains. Je sais que l’accident est un drame qui mérite une mesure appropriée. Mais celle prise par le maire de Goma est la pire de toutes.

Dans un pays sans emploi, ces marchés pirates nourrissent des familles

Je suis contre cette décision émanant du maire. La plupart de ces vendeurs sont des femmes qui, n’ayant pas un capital suffisant pour aller au marché central et n’étant pas en mesure de payer les impôts, décident d’évoluer dans l’informel. Ces femmes sont celles qui tiennent le gouvernail dans leur ménage. C’est elles qui nourrissent et scolarisent leurs enfants.

Monsieur le maire, les marchés pirates constituent un écosystème déjà établi, les démolir c’est mettre en danger de famine des millions de familles vivant en dessous du seuil de pauvreté. Ces marchés sont une entente entre marchands et clients ayant un faible revenu et qui ne peuvent pas se permettre d’aller acheter au marché central.

C’est un équilibre dont dépendent plusieurs familles. On ne peut pas couper une dynamique si brusquement. C’est même le cas d’un consommateur de came, pour le sevrer on y va par palier. Un sevrage brusque fait plus de ravage que l’addiction aux drogues en soi.

L’interdiction des marchés pirates n’est pas la solution

Les policiers et les marchands pirates font le chat et la souris. Les policiers font des rondes, et les marchands sont à l’affût. Et les marchandises sont remballées dans quelques secondes dès qu’un policier apparaît. En étalant leurs marchandises sur les marchés pirates, ces femmes doivent rester vigilantes car les policiers peuvent débouler d’un instant à l’autre.

Cette interdiction n’est pas la solution. C’est juste un stress de plus pour les femmes qui vendent, et une opportunité pour les policiers véreux de voler.

Monsieur le maire de Goma, pensez à d’autres alternatives. Vous pouvez par exemple créer des marchés non loin de là où ces vendeurs exercent leurs activités, ou alors sécuriser leur travail le long des routes.

 

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