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Au coeur des marchés « pirates » de Goma

Sifa Mutalera, la trentaine et le teint noir, est mère de famille. Seule, elle subvient aux besoins ses quatres enfants grâce à son commerce de fruits. Installée sur le bord de la route dans un marché « pirates » du centre-ville de Goma, elle raconte son quotidien.

Pourquoi la police s’oppose-t-elle à vos activités ?

Sifa : La Mairie de Goma nous accuse de troubler l’ordre public et la circulation. C’est pourquoi la police nous persécute. Pourtant nos commerces sont pacifiques et nous travaillons hors des limites de la route. Les policiers malhonnêtes en profitent pour piller nos biens lors des répressions !

Pourquoi ne travaillez-vous pas dans un marché officiel ?

Sifa : Avant je travaillais sur un marché géré par l’Etat de Kahembe, dans le quartier Birere. J’avais un commerce de fruits, je vendais des oranges, des mangues, des ananas. Mais je ne m’en sortais pas ! Je payais trop de taxes, je n’arrivais pas à faire de profit.

Ici, le long de la route, les gens peuvent achèter nos produits en rentrant chez eux, ils n’ont plus besoin de se déplacer pour aller au marché. Nous rendons aussi service.

Comment faites-vous pour travailler avec cette présence policière?

Sifa : C’est assez simple. Quand on voit la police nous nous cachons. Quand ils s’en vont, nous reprenons tranquillement notre travail. Nous sommes poursuivis tous les jours mais on s’adapte.

J’ai eu 4 enfants, puis mon mari est parti. Tous sont scolarisés et je dois payer un loyer chaque mois. Mon pécule mensuel s’élève à  plus 80 000 FC (près de 80 dollars). J’arrive à satisfaire les besoins de ma famille dans la mesure du possible.

Mon capital pour acheter de la marchandise ne dépasse pas 25 000 FC (25 dollars). Je fais de mon mieux pour avoir de la marchandise à temps et la revendre rapidement. Alors au diable la Mairie et ses marchés pirates. Nourrir ma famille, c’est une guerre de tous les jours.

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