article comment count is: 1

« Mbata ya mokolo » : comment j’ai changé d’avis

Depuis l’opération d’expulsion des Kinois de Brazzaville « Mbata ya mokolo » (la gifle de l’aîné), la Kinoise que je suis ne voulait rien savoir de Brazzaville et surtout pas s’y rendre. Bien que cette opération ait été justifiée par les autorités brazzavilloises dans le but de traquer des délinquants et des personnes en situation irrégulière, elle a connu de graves dérapages qui sont restés indélébiles dans la mémoire collective de tous mes compatriotes. C’est avec une tête pleine de préjugés et de méfiances, que je débarque donc à Brazzaville.

J’arrive à Brazzaville avec un visa de 3 mois payé 120$, coût que j’estime exorbitant pour un voyage d’une durée de 7 minutes en traversant le fleuve Congo. Comme vous le savez, Kinshasa et Brazzaville sont les deux capitales les plus rapprochées du monde. La traversée entre les deux rives se fait en canot rapide ou en bateau, mais il est triste que pour un séjour de plus de trois jours à Kinshasa ou à Brazzaville, il faille un visa qui coûte aussi cher.

Invitée pour la Rencontre internationale de l’art contemporain (RIAC) organisée  par les ateliers Sahm, dès le beach de Brazzaville, je suis bien accueillie. Quelle belle petite ville que Brazzaville ! Sur la route vers l’hôtel Pefaco Maya-Maya où nous logeons, je remarque vite des routes à deux bandes, des poubelles placées à chaque coin de rues, une circulation très différente de celle de Kinshasa. Ici, personne ne fait la loi comme cela semble parfois le cas à Kinshasa. Tout le temps de mon séjour, je n’ai pas vu une seule voiture brûler un feu rouge.

Les ateliers de la RIAC : la discussion surprise

Au centre d’art des ateliers Sahm dirigé par Bill Kouelany, une plasticienne brazzavilloise de renom, j’ai participé à l’atelier de critique d’art animé par une professeure italienne, Alexia Clorinda. Surnommés les intellos par les autres participants de la RIAC des ateliers photo-vidéo, art plastique et performance, on passe beaucoup de temps à discuter sur l’art, l’art contemporain, l’intention artistique, l’identité et tous les sujets qui s’invitent au débat. Et très vite, le sujet « Mbata ya mokolo » est évoqué.

Les Brazzavillois me demandent alors ce que je pense de Brazzaville malgré les différends que nous avons eus ces quatre dernières années avec l’opération de refoulement des Congolais de RDC appelés encore et toujours Zaïrois sur cette rive du fleuve. Je n’ai pas mâché mes mots, je leur ai répondu que si je n’étais pas invitée pour l’art, je n’aurais pas accepté de mettre mes pieds à Brazzaville !

Soudain, je découvre qu’il y a dans mon discours beaucoup de colère, parce que même si je n’étais pas directement concernée par ce refoulement, j’ai suivi des témoignages de femmes qui ont été violées, des familles qui ont tout perdu. En tant que Congolaise de RDC, je ne pouvais qu’exprimer cette indignation.

La RDC et Le Congo-Brazaville, deux pays frères pour toujours

Cette discussion m’a poussée à me renseigner sur ce qu’ont été les relations entre la RDC et le Congo-Brazzaville, dans le passé. J’ai découvert que dans le passé, c’est l’inverse qui s’était produit. En effet, sous l’initiative de Moïse Tshombé en 1964, alors Premier ministre de la République, nous les Congolais de RDC avions chassé les Brazzavillois de Kinshasa. On raconte aussi qu’après son accession au pouvoir, le maréchal Mobutu avait mis fin à cette opération en insistant sur le fait que les Congolais des deux rives sont pour toujours frères et obligés de partager joies et peines car ils partagent une histoire commune. Finalement, j’ai découvert ce dont les médias n’avaient presque pas parlé. Certains Congolais de Brazzaville n’étaient pas d’accord avec les brutalités qui avaient caractérisé cette opération d’expulsion dite « Mbata ya mukolo ».

Après cette rencontre à Brazzaville, j’ai compris qu’il ne sert à rien de généraliser les faits. Loin de toute idée préconçue, je me suis fait ma propre image de Brazzaville, une ville remplie d’aventures et de cultures. Comme l’a dit Alexandre Dumas : « Il y a des destinées qui ne peuvent jamais se rencontrer, mais qui dès qu’elles se rencontrent, ne doivent plus se séparer. »

 


Vous pouvez lire aussi : Je suis Congolais, j’aime les Rwandais et je l’assume

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion

Les commentaires récents (1)

  1. j’ai aimé votre franchise souvant la RDC nous qualifie de petit pays et tout qui vas avec et nous ,nous faisons de meme de notre . je penses, qui se chatient, s’aiment .retenons juste laissons le passé deriere nous et pensant a l’avenir pour developper nos pays . merci