Envoyés pour arrêter des auteurs présumés d’infractions, plusieurs policiers exigent des frais illégaux pour leur déplacement. Ces frais sont appelés « Mbongo ya makolo », en français : frais de déplacement. C’est l’accusé ou le plaignant qui doivent les payer. Voilà une autre forme de corruption au sein de notre police.
A Goma, nombreux sont les accusés et les plaignants obligés de débourser l’argent exigé par des policiers lorsque ces derniers doivent aller déposer une convocation ou un mandat d’arrêt. Sans cela, les policiers ne bougent pas !
C’est vraiment révoltant.
Les civils obligés de payer les policiers
Oscar Masimango est un habitant de Goma. Il a reçu une convocation pour se rendre au poste de la police du quartier Mabanga en ville mardi 15 décembre 2020. Accusé d’être receleur d’un téléphone portable volé, Oscar était contraint de payer 10$ aux policiers qui lui ont amené la convocation. Cette amende illégale s’appelle mbongo ya makolo. Et c’est alors qu’il a été conduit au poste de police avec dignité, sans être menotté ni fouetté en public. En d’autres termes, si vous ne corrompez pas les policiers qui viennent vous arrêter, ils vous humilient publiquement en vous amenant manu militari.
Les plaignants ne sont pas épargnés
De l’autre coté, Alphonse Muhindo, le plaignant, avait déjà payé par rapport à la nomenclature en vigueur, une somme de 5$ au bureau de la police du quartier Mabanga pour faire convoquer Oscar, le présumé receleur. Mais les mêmes policiers ont également exigé du plaignant 20$ de mbongo ya makolo (frais de déplacement). Et il a payé.
De telles pratiques sont courantes au sein de notre police non seulement à Goma, mais aussi partout en RDC. Ce sont des comportements punis par l’article 146 du code pénal congolais.
Les corrompus doivent être dénoncés
Pourquoi mbongo ya makolo semble s’institutionnaliser en RDC ? Certains policiers se justifient en accusant l’État congolais. « C’est le gouvernement qui a failli à sa mission. Cet argent (Mbongo ya makolo) nous aide, tant soit peu, à suppléer quelque chose à notre maigre salaire pour la survie de nos familles. Que feriez-vous à notre place lorsque votre hiérarchie vous envoie arrêter quelqu’un sans vous doter d’un moyen de transport ? », me questionne l’un des policiers partisans du système mbongo ya makolo.
Pour stopper cette pratique policière, la population doit dénoncer et porter plainte contre ces agents de l’ordre corrompus qui ternissent l’image de la police. Lorsque j’ai interrogé le major Bwira André, commandant au sein de la division provinciale de la police au Nord-Kivu, j’ai compris que ces policiers prennent les mbongo ya makolo à l’insu de leurs autorités.
#StopCorruption
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