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« Nini tosali te » : cri de désespoir ou hymne à la révolte ?

La chanson est au centre de tous les débats. Nini tosali te (que n’avons-nous pas tenté ?), le dernier tube du groupe MPR, est accueilli diversement dans l’opinion. La polémique nourrit le succès du hit qui culmine à plus de 700 000 vues sur YouTube en seulement 3 jours. Alors, Nini tosali te est-il un cri de désespoir ou plutôt un hymne à la révolte?

« 61 ans d’indépendance mais toujours coincé » ! Dès les premières secondes de la chanson, le groupe Musique populaire pour la révolution (MPR) annonce les couleurs. Dans un style qui lui est propre, le duo peint d’une manière très poétique les réalités kinoises, que dis-je, congolaises.

C’est le désarroi d’un jeune qui pensait que les élections allaient changer le cours de sa vie, non parce qu’il n’a pas étudié, mais parce que les autorités ont failli à leur mission. Famine, insécurité, chômage… Des réalités qui reviennent en boucle durant les près de cinq minutes d’un récital à la fois triste et révoltant.

Souvent abandonné à son triste sort, le jeune Congolais s’est tourné vers la prière, mais là également il n’a pas récolté grand-chose. Les pasteurs se sont enrichis, tandis que les fidèles croupissent dans la misère. Dans le refrain qui revient en boucle, MPR rappelle tout ce que la jeunesse a tenté de faire : « Nous avons étudié, nous avons jeûné et prié. Nous avons même défait les liens de famille. Nous avons lutté pour nous en sortir. Nous avons tout tenté mais en vain. »

La jeunesse congolaise se meurt

Qu’on le veuille ou pas, Nini tosali te est le portrait parfait de ce qu’est la société congolaise aujourd’hui. Et même pour ceux qui refuseraient de regarder la vérité en face, la situation est bien catastrophique. Aujourd’hui face au chômage, la politique et les métiers d’église sont devenus l’alternative. En politique, les jeunes se contentent parfois d’être chantres (Djalelo) des vieux loups politiques, pourvu qu’on se fasse une petite place au soleil.

Les plus chanceux arrivent à trouver du travail, mais quel pourcentage représentent-ils ? D’autres tentent d’entreprendre, mais là encore, c’est l’Etat qui vient mettre les bâtons dans les roues. Les taxes sont multiples : autorisation d’ouverture, services économiques, environnement, PMEA, TPA, IPB, … Pendant ce temps, aucun secteur n’est subventionné, alors que des détournements des millions de dollars sont rapportés à longueur des journées.

Nin tosali te est donc plus qu’une chanson contemporaine. C’est à la fois un cri de désarroi et un appel à la révolte pour une jeunesse longtemps clochardisée. Il ne s’agit pas ici d’un camp contre un autre, il s’agit plutôt pour chacun de prendre ses responsabilités afin de faire bouger les choses.

Se plaçant au-dessus de la polémique, le ministre Muyaya l’a si bien circonscrit au Club press de Bruxelles : « La chanson Nini to sali te s’inscrit dans la logique d’une jeunesse qui se plaint de la situation générale du pays. Je fais partie de cette jeunesse. La vérité est que nous vivons depuis des décennies dans un contexte d’abandon général. Donc, le message des jeunes qui est perçu là-dedans est un message de désespoir. » Et d’ajouter : « Ceci ne veut pas dire ‘Totika Kosala’ (Arrêtons de tenter, Ndlr). Ce n’est pas parce qu’on a essayé hier, et que ça n’a pas marché qu’on ne doit plus essayer demain. J’ai partagé le clip avec le Premier ministre et nous nous sommes sentis touchés comme autorités. »

En attendant que chacun réfléchisse à ce qu’il doit faire, vous pouvez vous motiver en écoutant l’hymne du MPR en cliquant sur ce lien.

 

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