La nouvelle loi électorale en RDC exige un minimum de trois ans d’études universitaires pour les candidats députés. Des femmes au Nord-Kivu l’ont compris après plusieurs sensibilisations. Beaucoup d’entre elles, parfois quinquagénaires, sont retournées à l’université.
L’objectif de ces femmes qui reprennent le chemin de l’université est de se doter d’un bagage intellectuel suffisant, en vue de participer aux prochaines élections.
Selon les statistiques démographiques, la population congolaise est constituée majoritairement des femmes, 52% contre 48 pour les hommes. Malheureusement, ce sont les femmes qui sont les moins représentées dans les postes à responsabilité.
Pour changer cette situation, plusieurs structures et plateformes se sont lancées dans « le programme d’accès des femmes à la sphère publique », programme financé par l’ONG Alerte internationale. Objectif : favoriser les candidatures féminines aux postes publics.
La politique, un espace compétitif
Claudine Tsongo est coordonnatrice de l’une de plusieurs structures de la société civile qui sensibilisent les femmes à la prise de conscience politique. Selon elle, le terrain politique est un espace très compétitif.
« A la dynamique des femmes juristes du Nord-Kivu, nous mettons plus l’accent sur le renforcement des capacités des femmes qui ont des ambitions politiques » confie-t-elle lors d’une interview. Elle se félicite d’avoir réussi à pousser plus de dix femmes quinquagénaires à aller à l’université .
L’élite féminine partage son expérience
La députée Félicité Kanane participe à la sensibilisation. Elle est la seule femme parlementaire à l’Assemblée provinciale du Nord-Kivu. Elle raconte son expérience : « Je me suis mariée juste après mes études secondaires. Mais après quinze ans de mariage, je me suis rendue compte que mes capacités étaient très limitées pour réaliser mes ambitions politiques, je n’avais qu’un diplôme du secondaire. Je rêvais toujours de me retrouver un jour parmi les dirigeants de mon pays. Mon époux m’a aidée et j’ai commencé à fréquenter l’université ici à Goma. Cinq ans après, j’ai décroché ma licence en sciences politiques.
En 2011, j’ai tenté ma chance aux élections législatives et j’ai été élue. Aujourd’hui, je suis l’unique femme députée provinciale au Nord Kivu sur 41 hommes. J’avoue que je suis très fière de moi. »
Pour Félicité, tout est possible si on est déterminée. Il n’est jamais tard pour devenir ce que l’on voudrait être, dit-elle.
Merline Kahindo, 67 ans, est enseignante à l’université. Les différentes formations et sensibilisations initiées par Alerte internationale lui avaient permis de bénéficier d’une bourse d’étude en France. Après son doctorat, elle est aujourd’hui présidente d’un parti politique dénommé Femme, action et paix.
Cet engagement de plusieurs femmes du Nord-Kivu pourra certainement porter des fruits et changer la donne lors des prochaines élections. Car en 2011, de nombreuses femmes avaient perdu les élections législatives. Le pays a besoin d’une meilleure représentativité de la femme dans les cercles de prise de décision. Cela permettra par exemple d’élaborer des lois susceptibles d’améliorer les conditions sociales de la femme congolaise.