Les officiers militaires congolais sont des personnes à part. Ils peuvent tout se permettre et personne ne les inquiète. Abus, intimidations ou arrestations arbitraires. On leur reconnaît une agressivité gratuite face à nous autres pauvres citoyens. Je me demande s’ils oublient que leur solde c’est nous population qui la payons et que leur boulot est de nous protéger.
Osez tomber en désaccord avec un colonel, un major ou même un capitaine, vous le regretterez toute votre vie ! Je pense qu’en partie, leur agressivité et leur capacité à commettre des abus viennent du fait qu’un grand nombre de ces officiers sont issus de groupes armés rebelles qui ont été recyclés sans aucune formation militaire digne de ce nom.
Je vais vous raconter ici ma mésaventure. Et je suis sûr que plus d’un Congolais a déjà vécu la même chose.
Gifles et intimidations
Juillet 2018, un dimanche aux environs de 14 heures. Avec des confrères journalistes, nous sommes allés couvrir l’arrivée d’un ministre national à l’aéroport de Goma. Quelques minutes seulement avant l’atterrissage de son avion, des militaires nous dirigent tantôt vers le tarmac pour attendre d’y réaliser l’interview, tantôt vers le salon d’honneur. A chaque déplacement on devait réinstaller nos caméras et micros. Agacés par cette situation, je décide d’intervenir au nom de l’équipe, pour faire part aux militaires de ces désagréments qu’ils nous causaient.
Dès que je me suis approché de leur commandant, j’ai reçu plusieurs gifles d’un officier supérieur. Je me demandais encore ce qui m’arrivait, mais le gars me montre son arme en fulminant. « Est-ce que tu sais que je suis colonel, commandant d’un régiment, je peux t’abattre ! Tes amis vont publier et les autres diffuser, cela m’est égal, […] personne ne m’amènera nulle part », disait-il pour m’intimider
Comportements inciviques
J’ai subi cette humiliation devant d’autres journalistes et certains officiels venus pour la circonstance et personne n’a osé lever son petit doigt pour protester. Moi-même non plus, car je savais qu’il m’était plus bénéfique de me taire.
Savez-vous que dans ma ville, des agents de la Société nationale d’électricité (Snel) ou de la Régidedo se font aussi agressés et intimidés s’ils osent venir faire payer des factures d’électricité ou d’eau à la résidence d’un officier ? D’ailleurs, peu importe où il habite, un haut gradé de l’armée impose que l’électricité ne manque pas chez lui, même si pour cela il faut en priver tout un quartier !
Ces comportements inciviques fragilisent beaucoup les rapports entre civils et militaires en RDC. Pourtant c’est la cohabitation pacifique qui devrait être prônée.
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Nos militaires font un boulot exceptionnel ! Personne ne contrôle leur état psychique!beaucoup souffre du syndrome post-traumatique!Que fait notre gouvernement ?
Le problème est de l’inapplicabilité de la loi et des traités et accords internationaux que l’État lui même a ratifié souverainement