A l’école informelle des autocrates, on enseigne qu’il faut détourner l’attention des peuples par « du pain et des jeux ». On pourrait y ajouter de l’émotion populaire nationale.
L’émotion que suscitera le rapatriement de la dépouille de Tshisekedi –enfin programmé pour le 12 mai– sera peut-être à double tranchant pour le régime de Kabila.
Décédé le 1er février 2017, l’opposant est à la fois une figure politique historique capable d’inspirer une union émotive nationale temporaire et un symbole susceptible de galvaniser un camp politique épuisé par les atermoiements du pouvoir sur le chemin de la présidentielle…
Pour faire vibrer une corde sensible plus apaisante, il reste, en matière d’émotion consensuelle, la nostalgie politique ou les passions artistico-sportives…
Côté “fan-attitude”, la République Démocratique du Congo commémorait, ce lundi, le premier anniversaire de la mort du « roi de la rumba congolaise », Papa Wemba. Le chanteur est mort en plein concert à Abidjan, le 24 avril 2016, au Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua). Le « roi de la rumba congolaise », fondateur du label « Viva la Musica » et “pape” de la Sape est l’une des figures contemporaines consensuelles.
Côté « nostalgie historico-nationale », ce 24 avril était aussi le 27e anniversaire de la fin du monopartisme. C’est le 24 avril 1990 que le maréchal Mobutu Sese Seko, alors président du Zaïre, prononçait un discours qui enclenchait le processus de démocratisation parallèlement observé, en ce début de décennie 90, dans la plupart des pays d’Afrique francophone. Sur cette route cahoteuse, la Conférence nationale souveraine verra le jour, Etienne Tshisekedi sera Premier ministre, puis viendra le Haut conseil de la République-Parlement de transition (HCR-PT) et le début de l’ère Kabila, en 1997, avec l’avènement au pouvoir du père Laurent-Désiré.
La RDC déroutée de ce début d’année 2017 laisse donc momentanément place à un Congo recueilli…