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Paul Malaba, ce jeune de Lubumbashi qui fait de l’art avec les moyens du bord

A Lubumbashi, 2è ville de RDC, il n’existe pas d’Académie des beaux arts, mais plutôt l’Institut des beaux arts. Les jeunes qui y sont formés devraient, s’ils veulent passer au niveau supérieur, faire le déplacement de Kinshasa. Ou alors, se contenter d’ateliers ponctuels  de formation qu’organisent quelques espaces privés à Lubumbashi pour promouvoir les pratiques expérimentales d’art contemporain.  

C’est dans ces conditions moins favorables à la création artistique que s’est révélé Paul C. Malaba. Un artiste visuel autodidacte que la ville découvre en 2018, grâce à l’œil bienveillant de Patrick Mudekereza, directeur de Waza, centre d’art de Lubumbashi. « C’est après une discussion à laquelle vous avez pris part, dit Paul Malaba en parlant de moi, que Patrick m’a orienté vers une nouvelle pratique : la performance, l’un des médiums qui me réclamaient ».

Démarche artistique, matérielle et source d’inspiration

« Ma démarche, explique Paul, est toujours en phase avec l’image que la vie me renvoie ». Et  d’ajouter : « Elle est guidée par la recherche de l’équilibre entre personnes humaines en dépit de leurs distinctions de race, de sexe, de tribu ou de rang social. » Pour exprimer ses idées, quoi de plus simple que d’user de son corps ? Ce « corps-matériel » qui, lors de ses différentes performances, le met en dialogue avec son public et les pratiques de dessin, de vidéo ou de Bande dessinée.

Coté source d’inspiration, le jeune artiste à une réponse décomplexée : « J’ai le regard extraverti, pour questionner les frontières de la création venant d’Europe et d’Afrique. C’est pourquoi, les travaux de la Serbe Marina Abramovic ou la Congolaise (RDC) Rita Mukebo, m’intéressent et inspirent ma pratique ! »

Pourquoi répondre à l’appel de la performance comme moyen d’expression ?

« C’est une pratique qui permet par des moyens doux ou agressifs, simples ou complexes, d’interagir avec le public pour arriver à comprendre ses peurs, ses joies, ses frustrations, ses attentes ou ses fantasmes à partir d’une question de la vie de tous les jours », confie l’artiste. Ce qui n’est pas loin des risques pris par la performeuse serbe lors de sa performance poignante intitulée « Rhythm o ». Au cours de celle-ci, elle s’est définie comme un « objet » debout, abandonné, figé devant un public qui avait le droit d’user pendant 6 heures, de 72 objets (de plaisir comme de destruction) sur son « corps-objet », comme il l’entendait.

Après plusieurs performances comme Corps du présent (2019) à Lubumbashi, au Congo Brazzaville, en Zambie ou en Tanzanie, le jeune artiste vient d’être lauréat 2022 du programme Visas pour la création, en résidence à la Cité internationale des arts à Paris. « Cela m’a permis d’étudier les pratiques d’art européennes pour comprendre l’adaptation de l’être humain, pendant des moments difficiles comme celui de la pandémie du nouveau coronavirus par exemple, pour (ré)adapter et peaufiner ma démarche artistique », explique-t-il.

En effet, ce jeune-homme est l’exemple parfait de la résilience, l’envie de faire de l’art avec ce qu’on a. Tant pis si ce qu’on a doit être son corps !

 

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