« Les pièces vont arriver dans deux semaines », me dit le fonctionnaire lors mon enregistrement pour l’obtention des passeports biométriques avec puces électroniques à Butembo, dans le Nord-Kivu, début mars 2016.
Comme tous les requérants, je commençais à organiser mes déplacements sur la base de ce délai. Mais je ne m’attendais pas à devoir payer pour retirer ce précieux sésame.
Une patience mise à rude épreuve
Ces gens de l’administration publique sont vraiment cyniques ! Le document, attendu dans les deux semaines, arrive enfin avec un mois de retard. Mais il faut encore payer pour retirer le passeport.
Je pose la question au bourgmestre de passage à Kinshasa avec le maire pour retirer les quatre cents passeports préenregistrés à Butembo. « Il faut poser la question au maire. Je sais qu’il a reçu des consignes claires au niveau du ministère des Affaires étrangères lors du retrait desdits passeports » me répond-t-il alors que le porte-parole du maire, qui n’est pas loin, tente de me maintenir à l’écart.
Payer, c’est la règle
Ce à quoi je m’attendais, arriva. Le porte-parole du maire, sans avoir honte, me souffle à l’oreille qu’il faut payer les « frais de chancellerie ». Selon lui, je dois donc débourser 20$ de plus. « La mairie, l’ANR, la DGM : chacun doit s’y retrouver », m’explique-t-on. Continuant sur sa lancée, il me fait savoir que 75 passeports manquent à l’appel. Je ne peux plus me retenir. Je laisse échapper un « pardon ? ».
Inconcevable !
Mon passeport n’est pas arrivé à Butembo ? Pourquoi ? Je revois toute la scène d’enregistrement… Un long chemin, un calvaire ! Je revois cette femme enceinte que les agents ont fait attendre deux jours pour des broutilles.
Je revois encore ces aspirantes à la vie religieuse faisant des va-et-vient car elles n’avaient pas de carte d’électeur !
Mais le clou du spectacle, ce sont ces gens qui se sont présentés au centre de capture le jour où les envoyés de Kinshasa devaient retourner dans la capitale. Ce matin là, l’équipe exigait d’eux 50$ de pénalité.
Ne pas payer !
Alors que je reprends mes esprits, le porte-parole du maire me demande mes identifiants. Il me déclare que mon précieux sésame est dans le lot. Il commence alors à marchander. Mais je ne paierai rien ! Le maire sortira ensuite un communiqué demandant aux gens de retirer leur passeport gratuitement.
Mais, les services font la sourde oreille. 20$, 30$, selon votre convention avec les services. Surtout, les passeports ne se retirent pas dans les locaux de l’hôtel de ville mais bel et bien chez un particulier, membre du parti politique au pouvoir. Les 75 passeports manquant à l’appel pour inadéquation d’informations fournies à l’agence nationale de renseignements ont été bloqués à Kinshasa en attendant vérification.
Le pasport ce mais a comme bien