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RDC : ce que les trois précédentes élections nous enseignent

La RDC prépare ses quatrièmes élections générales. Et comme toujours, c’est avec ou sans nous. Tous les Congolais étaient appelés à se faire enregistrer sur les listes électorales. Cependant, une polémique monte. La Céni se trouve au cœur des accusations parfois graves qui laissent présager d’élections tronquées ou sans certains d’entre-nous.

Acte volontaire ? L’identification des électeurs s’est globalement bien déroulée dans la zone Ouest de la RDC qui couvre notamment Kinshasa. Néanmoins, personne n’ignore qu’il y a eu de nombreuses insuffisances et irrégularités. 

Ce n’est pas en soi une catastrophe. Puisqu’un nettoyage du fichier électoral devait suivre, avant le passage aux ultimes étapes du processus en cours. Mais dans cette région, des individus sans qualité et détenant des kits électoraux ont été signalés : machines et cartes d’électeurs vierges, à remplir à volonté. Ces matériels entre les mains des politiciens jettent un sérieux doute sur la sécurisation du processus électoral en cours et sur toute chance d’équité. On se demande comment ils ont pu finir entre les mains de ces individus. 

La neutralité de la Céni mise en doute

La question est : comment rassurer que le fichier électoral ne serait pas gonflé de milliers ou de millions d’électeurs qui n’existent que dans des mallettes des politiciens ? 

Avec les irrégularités constatées, comment la Céni peut-elle prétendre être sérieuse et neutre ? Et surtout, comment va-t-elle rassurer les candidats de l’opposition qu’ils se battront à armes égales avec ceux qui se sont déjà adjugé des voix dans leurs mallettes ?

Dans la zone centre, qui comprend les Kasaï et le Katanga, l’enregistrement des électeurs a connu des difficultés inquiétantes, sur le plan technique et organisationnel. Moins de centres et d’agents électoraux pour un nombre de population visiblement sous-estimé. Résultat : même après 30 jours de prolongation du délai, plusieurs personnes avaient encore besoin de leurs cartes d’électeurs. Les centres les plus rapides pouvaient atteindre à peine 230 inscriptions par jour.

Des irrégularités politiquement motivées ?

Sur le plan politique, dans le Katanga par exemple, certains politiques voient dans ce déficit organisationnel une volonté de réduire le nombre d’électeurs dans une région supposément considérée comme un électorat hostile au président Tshisekedi qui rempile pour un second mandat.

Enfin, dans la dernière zone, le bloc Est, c’est l’activisme des groupes armés qui ne rassure pas. Certaines zones sont toujours sous occupation de groupes armés. Difficile pour les agents électoraux d’y travailler en toute sécurité. Ira-t-on aux élections avec des territoires entiers sous contrôle des rebelles ?

A une quatrième expérience électorale, la RDC qui conforte son apprentissage, devrait surtout apprendre de ses erreurs. Il serait complètement inutile pour le pays de vivre une issue électorale pareille à celle de 2011. Le pays avait deux présidents qui revendiquaient chacun la victoire. L’expérience de 2018 a continué à paralyser toute l’action du président Tshisekedi. Puisque manifestement lui aussi mal élu. Faudrait-il répéter la même chose ? Le pays connaîtrait alors un profond recul.

 

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