En RDC, de nombreux Congolais sont discriminés à cause de leurs origines.
Reconnaissons que de bons citoyens, qui croient encore au Congo et aux valeurs citoyennes existent encore. Mais ils se font de plus en plus rares à tel point qu’ils constituent à présent une espèce en voie de disparition.
Un tribalisme outrancier
La Constitution congolaise porte en elle les germes du régionalisme qui couvent un tribalisme outrancier. Lisons l’alinéa 3 de l’article 10 : « Est Congolais d’origine, toute personne appartenant aux groupes ethniques dont les personnes et le territoire constituaient ce qui est devenu le Congo (présentement la République Démocratique du Congo) à l’indépendance. » Le message est clair. Il y a des Congolais dont les origines seraient plus importantes par exemple, par rapport aux Congolais naturalisés.
La triste réalité ici, c’est que l’élément principal pour définir un Congolais est son groupe ethnique. Autrement dit : le village, le groupement ou la chefferie. Le Congolais est systématiquement rattaché à sa tribu. Et on espère ainsi fonder une nation !
Les origines (tribales) sont tellement importantes en RDC que lors de l’investiture de hautes personnalités, telles le président de la République, on prend le temps de démontrer que le président est bien d’origine congolaise, qu’il est un fils du terroir. Les Curriculum Vitae des Congolais donnent un parfait exemple de cette lubie du tribalisme :
- Noms
- Noms du père
- Noms de la mère
- Originaire du village de…
- Chefferie ou collectivité …
- Territoire de…
- Districts de…
- Province…
- Nationalité…
Est Congolais celui qui peut réunir toutes ces conditions. D’ailleurs, il court qu’on demande aux naturalisés congolais de se choisir une tribu congolaise.
La tribu à tout prix
Dans un Katanga minier par exemple, où l’explosion des activités minières a poussé des travailleurs à venir chercher un emploi dans la région, dire ses origines est devenu risqué. Cela revient presque à se dévoiler comme « voleur » de l’emploi des « originaires ». On raconte aussi que certains postes dans les institutions nationales ou régionales sont réservés aux ressortissants de telle ou telle région.
Même sans mentionner ses origines dans son CV, les gourous du tribalisme trouveront des origines dans les noms des candidats et à travers leur apparence physique. Après une interview, c’est un homme pourtant souriant, qui m’assène : « tu es Lunda ? » Gêné, je ris jaune et je me retrouve sans voix avant d’avouer timidement. Courageux, l’homme enchaîne : « ton nom ne peut le cacher en effet ».
Mon nom, Mukaleng Makal, me classe « naturellement » dans le territoire de Kapanga, dans la tribu Lunda. J’ai beau aimer la région d’où je viens, devoir justifier constamment mes origines est pesant ! Porter un nom avec un R qui roule vous place à l’est de la RDC. Un nom sans voyelle et vous êtes Lunda ! Grand et de teint clair, vous êtes du Kasaï. Un nez aplati et vous êtes du Kivu. Si votre nom n’a pas dit d’où vous êtes, votre morphologie le révélera.
C’est une honte ! Pourtant, ces pratiques sont loin d’en finir. Le tribalisme est la métastase de la République démocratique du Congo. Faudra-t-il amputer les membres atteints ? Qui sera le médecin ?
En mémoire, une de vos phrases prononcées à l’école du Blog. Je suis d’origine Lushoise et Kapanga est le territoire d’origine de mes parents…