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Quand les réalités économiques et sécuritaires nous imposent de passer par le Rwanda et l’Ouganda !

Pour voyager de Goma à Béni, on ne devrait pas passer par le Rwanda et l’Ouganda. Malheureusement, les réalités économiques et sécuritaires de l’est de la RDC l’imposent aux Congolais. Raison pour laquelle, la Société provinciale des transports du Nord-Kivu, compte ouvrir cette ligne Goma-Beni via le Rwanda et l’Ouganda, deux pays agresseurs de la RDC. Une décision qui a suscité un tollé général dans notre pays.

Selon un communiqué de la Société provinciale des transports (SPT), la ligne Goma-Beni pourra se faire désormais via la grande barrière, le Rwanda, l’Ouganda, et la cité frontalière de Kasindi en territoire de Beni. Temps du trajet : 8h. Cela signifie : partir de Goma à 6 h du matin pour atteindre la ville de Beni à 14h. Le tout, pour 30 dollars américains.

Pourquoi cet itinéraire ?

C’est la première fois que la Société provinciale des transports sort de son schéma du transport routier à l’intérieur de la ville de Goma. C’est même un grand coup. En effet, sur le plan du confort, voyager en bus, je l’espère, permettra aux passagers de ne pas être entassés telles des sardines comme on le voit dans les voitures « Ya leo leo » qui effectuent la route Goma-Butembo en passant par les zones occupées par le M23, les FARDC et les Wazalendo.

Ensuite, au Rwanda et en Ouganda, la route est asphaltée. Ce qui diminue la fatigue. Et puis, l’arrivée est prévue le même jour, alors qu’avec les voitures, il faut espérer arriver le lendemain. Enfin, la somme de 30 dollars c’est la même que l’on payait dans les voitures avant la résurgence du M23.

Donc, même après le M23, beaucoup de Congolais vont certainement continuer à fréquenter cet itinéraire. En période de paix, il y a un autre élément qui plaide en défaveur des routes congolaises : les nids de poule et les bourbiers. Dans mon cas, faute d’avoir obtenu un billet d’avion, -il y avait urgence-, j’avais dû emprunter cette voie en quittant Butembo pour Goma en 2017. Le fait de faire la route Butembo-Goma m’aurait couté plusieurs jours de voyage épuisant.

30 dollars à débourser aujourd’hui, ce n’est rien par rapport à ce que j’avais payé à l’époque : Butembo-Kasindi en voiture, payer le visa d’entrée en Ouganda, louer une voiture pour quitter Mpondwe, une localité ougandaise, afin d’être déposé à Gisenyi, ville rwandaise qui jouxte celle de Goma en RDC. Aujourd’hui, les Congolais ne paient plus de visa pour entrer en Ouganda. Donc, c’est 30 dollars de Goma à Beni, sans frais supplémentaires.

Fuir l’insécurité pour se retrouver dans l’insécurité !

Si l’idée de passer par les pays voisins est d’éviter la zone contrôlée par le M23, j’espère que les actionnaires de la société ont pris en compte les incendies de véhicules sur le tronçon Kasindi-Beni. Car ici, la sécurité n’est pas garantie à cause de l’activisme des rebelles ADF (Forces démocratiques alliées).

Pendant la campagne électorale, un candidat député du parti au pouvoir, l’UDPS, est mort criblé de balles à la hauteur du pont sur la rivière Semuliki. Preuve que même s’il y a des positions des armées congolaise et ougandaise sur cette route dans le cadre des opérations Shujaa, cette zone reste dangereuse pour la sécurité des voyageurs.

 

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