Lubumbashi, c’est aussi des terrils et des tas de déblais dans la concession de la Gécamines. Ces terrils font des tonnes et des tonnes de scories, déchets miniers, issus des années d’exploitation du cuivre. Si la Société pour le traitement du terril de Lubumbashi (STL) essaie de développer un procédé susceptible de valoriser les minerais dont regorge le sous-sol de Lubumbashi, beaucoup utilisent les scories pour aider au nivellement des routes.
Les gens se servent de scories pour en faire des digues en sacs, afin de contenir les eaux de ruissellement en période de pluie. D’autres les utilisent dans les travaux d’aménagement des routes. On y déverse des tonnes de scories pour les aplanir et les rendre praticables.
Si cela permet de résoudre un souci environnemental sérieux, ça en crée un autre encore plus important. La scorie, c’est un « résidu solide provenant de la fusion de minerais métalliques, de la combustion de la houille, etc. », renseigne le dictionnaire Le Robert. Et la houille, selon le même dictionnaire est « un combustible minéral de formation sédimentaire, noir, à facettes brillantes, à forte teneur en carbone ». Soulignons sans être chimiste : « Forte teneur en carbone ! »
Nous marchons sur du cobalt
C’est peut-être là encore une confirmation de la réputation de scandale géologique de notre pays, avec le paradoxe qui va avec : « Pays riche, populations pauvres. » Oui, en utilisant les scories sur nos routes, nous marchons sur du cobalt, matière utilisée actuellement dans la fabrication des batteries rechargeables et des superalliages (pour l’aviation notamment).
Voyez ce que dit cet article de Jeune Afrique à propos de l’exploitation de terrils de Lubumbashi citant le directeur général de STL : « L’usine STL transforme des résidus [scories] contenant environ 2,2% de cobalt en un « alliage blanc » composé à 18% de cobalt, 11% de cuivre, le reste étant essentiellement du fer. »
Et la santé humaine dans tout ça ?
Puisqu’on trouve du cuivre et du cobalt dans ces déchets, il faut savoir qu’une fois déposées sur les routes, les particules de scories peuvent être transportées dans la poussière et être inhalées par l’homme. Cela peut causer des ennuis de santé.
« Une exposition continue aux poussières de cuivre produirait chez l’homme une irritation des muqueuses nasales, la partie supérieure de l’appareil respiratoire humain étant particulièrement vulnérable aux particules cuprifères », (Clayton, 1981 in Le teinturier, 2002).
La même source reconnait le danger du cobalt sur la santé humaine. Il peut provoquer des lésions à l’intérieur du muscle cardiaque et des dysfonctionnements de la glande thyroïde. D’ailleurs, des études concordent pour attribuer beaucoup de cas de cirrhose de foie à l’intoxication aux métaux lourds comme le cuivre et le cobalt.
Il est peut-être temps de penser aux impacts sur l’environnement, sur la santé humaine et sur tout l’écosystème, en voulant rendre nos routes praticables. On ne va pas refaire la santé de la route en détruisant celle de l’homme !